La France enregistre son pire déficit commercial, comment sortir de cette situation ?

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Le déficit commercial français ne cesse de se creuser et vient de dépasser 164 milliards d’euros en 2022. Mais qu’est-ce que cela dit de la compétitivité de nos entreprises ?

 

Avant le Covid, la situation était déjà très mauvaise avec un déficit de 60 milliards d’euros

Les chiffres sont sans appel. On pourrait penser que notre déficit explose parce que la facture de nos importations énergétiques grimpe en flèche. C’est vrai, mais il faut se rendre compte de l’ampleur de la catastrophe. En 2019, avant le Covid, la situation était déjà très mauvaise avec un déficit de 60 milliards d’euros. Mais là, on vient de dépasser les 164 milliards d’euros en 2022. On a donc creusé notre trou de 100 milliards… C’est aussi le symbole de notre désindustrialisation, de notre perte de compétitivité et de notre basculement vers une société de services. Mais les Français consomment encore des biens et l’on doit importer de plus en plus ce qu’on ne produit pas. En parallèle, nous avons de plus en plus de mal à exporter.

 

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Est-ce que cela veut dire que la France n’a plus d’industrie ? Notre industrie est en perte de vitesse et il y a un secteur majeur qui l’illustre : celui de l’automobile. En 2000, ce secteur dégageait encore un solde commercial positif de 3 milliards d’euros. Aujourd’hui, nous sommes à -15,6 milliards d’euros. Il ne reste plus qu’une poignée d’industries dans lesquelles la France exporte plus qu’elle n’importe. Avec l’aéronautique, nous sommes à presque +25 milliards et les parfums et les cosmétiques sont à +15 milliards d’euros. Non seulement, cela est beaucoup, mais c’est surtout un excédent trois fois plus élevé qu’il y a 20 ans. La France va dans le bon sens. Et puis, il y a le double visage de l’agriculture. Tous les secteurs de l’agroalimentaire, en cumulé, sont en déficit, mais si l’on regarde uniquement la boisson, les vins et spiritueux, cela s’élève à plus de 16 milliards. Les produits laitiers aussi se portent bien.

Airbus, Dassault, Hermès, Moët-Henessy : Il faut favoriser la croissance de ces entreprises puissantes

En quoi ces chiffres devraient impacter notre stratégie industrielle ? La priorité concerne tous les secteurs. Si on veut se réindustrialiser, la France doit miser sur les secteurs d’avenir. On ne fera pas revenir les usines du passé, mais dans l’automobile, qui bascule vers l’électrique, la pharmacie qui se dirige vers les biotechnologies ou encore l’énergie qui sera plus renouvelable, on peut aider à l’investissement et on doit continuer de baisser les charges pour favoriser l’emploi. Pour récupérer des marges de manœuvre budgétaires, il faut bien sûr réduire la dépense publique. Ce qui est plus facile à dire qu’à faire. Il faut également soutenir nos secteurs d’excellence dans : l’aéronautique, le luxe, l’agroalimentaire et l’automobile essentiellement.

 

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D’Airbus et Dassault, Safran à Vuitton et Hermès en passant par L’Oréal, Pernod Ricard, Moët Hennessy ou Rémy Cointreau, Lactalis ou Danone, Renault, Peugeot ou Michelin, on doit favoriser la croissance d’entreprises puissantes qui ont la capacité de tirer vers le haut et derrière elles, tout un écosystème. On ne doit pas chercher à se battre sur tous les fronts. On s’épuiserait. On doit choisir nos combats en poussant ceux qui peuvent être des champions mondiaux qui arrivent à exporter, en capitalisant sur l’image du made in France.

David Barroux

 

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