Renault et Nissan ont conclu un nouveau projet d’Alliance. Est-ce une bonne nouvelle pour ces groupes alliés depuis 1999 ?
Grâce au leadership longtemps éclairé de Carlos Ghosn, Nissan est devenu beaucoup plus gros que Renault
Renault a accepté de sortir partiellement du capital de Nissan, puisqu’il s’est engagé à passer de 44 à 15% du capital en vendant progressivement une bonne partie de ses actions. En échange Nissan a juste accepté de ne pas bloquer les projets de Renault qui veut se relancer avec plus de partenaires dans la voiture électrique et dans les moteurs à combustion. Sans entrer dans les détails techniques d’un accord complexe, je vous dirais que cet accord est quand même une bonne surprise. Renault et Nissan, c’est un vieux couple. Ils ont été obligés de se marier il y a un peu plus de 20 ans, mais il n’y avait pas vraiment d’amour. Nissan qui était au bord de la faillite rêvait alors plus d’un mariage avec le prestigieux Mercedes qu’avec un petit français surtout connu pour sa R5, l’Espace ou la Scénic.
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Les Allemands n’avaient pas voulu du Japonais, et le Français s’était engouffré dans la brèche. A la surprise générale et en grande partie grâce au leadership longtemps éclairé de Carlos Ghosn, Nissan avait fini par se redresser et par redevenir beaucoup plus gros que Renault. Au fil du temps, la relation s’est dégradée, au point que les deux partenaires faisaient de moins en moins de choses en commun. Leurs routes divergeaient alors qu’au contraire aujourd’hui, la nécessité pour les constructeurs automobiles est d’avoir la taille critique pour mutualiser les investissements dans le digital et la voiture électrique. Aujourd’hui le tandem prend un nouveau départ qui ouvre un nouveau champ des possibles.
Renault et Nissan ont fait le pari du pragmatisme
Ce nouveau départ pourrait fonctionner. Renault était le premier actionnaire de Nissan mais n’avait plus de pouvoir. Aujourd’hui Renault accepte de peser moins au capital mais il a tendu la main à son partenaire. Au Japon, le respect mutuel et les petits gestes, ça compte. Ca ne veut pas dire que tout va devenir parfait entre les deux groupes. S’ils n’arrivent pas à s’entendre sur des projets communs, personne ne pourra taper du poing sur la table pour forcer l’autre. Dans les affaires il faut souvent un chef, on dit que les soi-disant mariages entre égaux, ça ne marche jamais. Ici, le pari qui est fait est celui du pragmatisme. Renault et Nissan n’ont pas besoin d’être d’accord sur tout, mais plus ils seront d’accords, plus ils auront à y gagner. Il faut que les deux groupes apprennent à se respecter. Dans un monde capitaliste fait de rapports de forces, ça peut sembler utopiste, mais il ne faut pas s’interdire de rêver. Leur union ne marchait plus. Elle va peut-être avancer sur de nouvelles bases. Moi je trouve que c’est un progrès.
David Barroux