Mondial de l’Auto : La voiture électrique est-elle vraiment écologique?

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Un nouveau rapport de l’ADEME indique que remplacer chaque voiture thermique par une voiture électrique ne suffira pas à décarboner le secteur des transports. Pour qu’un véhicule électrique soit optimal, il faut que sa batterie soit légère et qu’il soit rechargé à des heures précises.

Pour un SUV de 2,4 tonnes, le bénéfice environnemental du passage à l’électrique est « très incertain »

Une étude sur les voitures électriques publiée la semaine dernière par l’Ademe, l’agence de la transition écologique, révèle qu’une voiture électrique est optimale quand elle est légère et fonctionne avec une petite batterie. L’impact environnemental principal de la voiture électrique est en effet lié à la fabrication de cette batterie, explique Bertrand-Olivier Ducreux, ingénieur au service transport de l’ADEME : « une voiture légère permet l’utilisation d’une batterie plus petite et maximise le gain environnemental de 2 à 3 fois comparé à une voiture thermique similaire ». Pour avoir un impact carbone deux à trois fois moins important sur l’ensemble de sa durée de vie, la batterie doit avoir une capacité de moins de 60 kilowatts heure. Cela concerne les citadines électriques et certaines compactes comme la Renault Megane qui vient de sortir. A l’inverse, l’intérêt environnemental n’est pas garanti pour les plus grosses voitures comme les SUV, car la batterie – plus grosse – « sert à déplacer des masses importantes », poursuit Bertrand Olivier Ducreux. Pour un SUV électrique de 2,4 tonnes, « le bénéfice environnemental de l’électrification est très incertain ».

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Il faut ainsi rouler au minimum 100.000 kilomètres pour amortir l’impact carbone d’un SUV électrique contre 15.000 pour une citadine. L’ADEME appelle donc à prioriser la voiture électrique pour les usages du quotidien mais surtout à revoir nos usages de la voiture. Remplacer chaque voiture thermique par une voiture électrique ne suffira pas à assurer la transition du secteur des transports : il faut aussi développer l’utilisation du vélo, indique Marie Huyghe, docteur en urbanisme et spécialiste de la mobilité. En milieu rural, 40% des déplacements font moins de cinq kilomètres selon elle. « Il faut arrêter de construire nos territoires de sorte à ce qu’ils soient dépendants de la voiture », revendique-t-elle.

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Il faudrait également revoir les pratiques de recharge des véhicules électriques. « De la même manière qu’un grand nombre de chauffe-eaux fonctionnent en heures creuses, il faut faire pareil avec la voiture électrique », poursuit Bertrand-Olivier Ducreux. Les horaires efficaces se trouvent en journée sur le lieu de travail ou pendant la nuit. « C’est pertinent pour l’équilibre du réseau et le coût de la recharge », affirme-t-il. A l’horizon 2035, 15 millions de véhicules seraient absorbables par le réseau électrique sans grand investissement de production ni de distribution selon l’ingénieur. L’électrique représente aujourd’hui 13% des ventes : ce sera 30% en 2027, assure Emmanuel Macron dans une interview ce matin aux Echos. Le chef de l’Etat a d’ailleurs annoncé une revalorisation du bonus écologique – 7.000 euros au lieu de 6.000 euros et la construction de 400.000 bornes de recharge publiques en 2030.

Baptiste Gaborit

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