La pollution lumineuse progresse plus vite qu’on imaginait, et c’est une menace pour la biodiversité

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La pollution lumineuse, ce fameux halo lumineux qui persiste la nuit dans l’atmosphère terrestre et masque les étoiles progresserait vite, au rythme de 10% par an. Cela représente une menace pour la biodiversité.

 

La méthode pour mesurer la pollution lumineuse a changé

Une étude publiée il y a quelques jours dans la revue Science conduite par l’astrophysicien Christopher Kyba révèle que la pollution lumineuse progresse de 10% chaque année, et c’est une mauvaise surprise. Le rythme est plus rapide qu’on ne l’imaginait. Il faut dire que la méthode utilisée est différente. Au lieu de se fier uniquement aux résultats des observations satellites, l’étude a pris en compte les observations de plus de 50.000 citoyens qui suivaient un cahier des charges précis, principalement aux Etats-Unis et en Europe. Samuel Challéat, chercheur en géographie de l’environnement et auteur de Sauver la nuit aux éditions Premier Parallèle explique que les satellites utilisés d’habitude pour dresser la cartographie des pollutions lumineuses sont « un peu aveugles dans les longueurs d’onde bleues, qui sont justement très fortement émises par les luminaires LED ». Il précise également que ces luminaires LED ont tendance à orienter le flux en direction du sol, plutôt que vers le ciel, « une bonne chose pour les astronomes et la visibilité du ciel étoilé ».

 

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Il y a toutefois un hic, qui fausse les données :  » depuis le satellite, on peut avoir l’impression d’une diminution de la pollution lumineuse à certains endroits », alors que ce n’est pas forcément le cas, lorsqu’on regarde depuis le sol. Et cette croissance plus rapide que prévue de la pollution lumineuse n’est pas sans conséquence sur la biodiversité. Samuel Challéat pointe des effets « sur la façon dont les animaux vont se nourrir, les horaires auxquels ils vont se nourrir ». Idem sur leurs déplacements, leur migration, et sur le succès reproducteur d’une espèce : « dans un milieu artificiellement éclairé, il va avoir tendance à chuter, car mâles et femelles ne vont pas aussi bien se rencontrer que s’ils sont dans l’obscurité ». Leurs comportements de communication seront perturbés.

 

 

La Voie lactée n’est déjà plus visible depuis les villes

Avec cette pollution lumineuse, c’est une part de notre patrimoine qui disparaît, s’inquiète Eric Lagadec. Ce chercheur à l’observatoire de la Côte d’Azur et porte-parole de la Société française d’astronomie et astrophysique constate qu’on voit de moins en moins bien les étoiles : « on perd accès au plus vieil héritage commun de l’humanité, le ciel. Nos ancêtres, depuis l’aube de l’humanité, observent ce ciel ». Il précise qu’aujourd’hui on peut voir 250 étoiles, et que dans moins de 20 ans, ce chiffre pourrait passer à seulement 100. La Voie lactée n’est ainsi déjà plus visible depuis les villes. La menace est telle qu’un label international a été créé, celui de réserve internationale de ciel étoilé. Il en existe 4 en France, préservées de cette pollution lumineuse : dans le parc national des Pyrénées autour du Pic du Midi, dans celui des Cévennes, sur le plateau des Millevaches dans le Limousin, ou encore le Mercantour dans les Alpes du Sud.

Marc Teddé

 

 

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