La Suède annonce la découverte d’un gigantesque gisement de terres rares en Laponie

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La Suède a annoncé la semaine dernière la découverte d’un immense gisement de terres rares, qui contiennent des métaux précieux pour la transition écologique. Le pays espère ainsi rendre un peu de son autonomie à l’Europe sur le sujet.

 

L’autonomie vis-à-vis de la Chine ne doit pas seulement passer par l’exploitation de terres rares européennes

Ces fameuses terres rares contiennent les métaux nécessaires pour produire des voitures électriques et hybrides. On les retrouve aussi dans les éoliennes, les panneaux photovoltaïques, les puces de smartphones ou les écrans d’ordinateurs portables. Jusqu’à présent il n’existait aucune mine de terres rares en Europe, et les Européens étaient absents de ce marché pourtant stratégique, détaille André Loesekrug Pietri, président de Jedi, l’Initiative européenne pour l’innovation de rupture : « Les Européens aujourd’hui foncent tête baissée vers des nouvelles dépendances. On connaissait la dépendance par rapport au gaz et au pétrole russe. Avec la décision d’arrêter la vente de voitures neuves thermiques en 2035, on va être dépendant des moteurs électriques, qui utilisent toujours des terres rares, notamment pour fabriquer les aimants permanents, qui sont raffinés à 97% en Chine. Donc les Chinois risquent de nous faire payer cette dépendance ». La découverte de ce gisement en Suède est donc « une bonne nouvelle », selon lui, mais il appelle à se méfier « de ces annonces qui ne sont pas encore très précises ».

 

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Une prudence que partage aussi Didier Julienne, spécialiste des ressources naturelles et président du cabinet de conseil Commodities & Resources. Il relativise les annonces du groupe minier suédois LKAB : « il y aurait 1 million de tonnes de minerai. La société LKABa indiqué un taux de 0.85%, ce qui signifie 8.500 tonnes de terres rares contenues dans le gisement. A titre de comparaison, on produit dans le monde environ 200.000 tonnes de terres rares en 2022. Nous serons toujours dépendants de la Chine et des autres pays qui en produisent ». Pour lui, l’autonomie vis-à-vis de la Chine ne doit pas seulement passer par l’exploitation de terres rares européennes. Il suggère deux autres pistes, augmenter le recyclage des aimants permanents et en fabriquer sans terres rares : « ça existe, on commence à trouver de nouvelles voies technologiques pour le faire ».

 

La Commission Européenne, elle souhaite la création de réserves stratégiques de terres rares

L’exploitation de ces terres rares suédoises ne se fera pas avant 10 ou 15 ans, le temps pour la Chine de préparer une éventuelle riposte explique Yves Jégourel, professeur au Conservatoire national des Arts et Métiers où il enseigne l’économie des matières premières et des transitions durables : « si la Chine décide de surapprovisionner le marché pendant un temps restreint, elle pourrait mettre à mal un certain nombre de modèles ». Quant à la Commission Européenne, elle souhaite la création de réserves stratégiques de terres rares. Il n’est pas certain que cela suffise à sécuriser nos approvisionnements, d’autant que l’Union européenne verra ses besoins multipliés par 26 pour atteindre en 2050 la neutralité carbone.

Marc Teddé

 

 

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