Lithium, terres rares : L’Union Européenne se lance dans la course malgré les risques environnementaux

UPI/Newscom/SIPA

La présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen a annoncé hier la création de réserves stratégiques pour le lithium et les « terres rares », indispensables à la transition écologique et numérique de l’économie. L’Union Européenne a déjà pris beaucoup de retard dans ce domaine et l’exploitation de ces ressources demeure un problème pour l’environnement.

La Chine a « 10 voire 20 ans d’avance » sur l’Europe en termes d’approvisionnement en lithium

« Le lithium et les terres rares seront bientôt plus importants encore que le pétrole et le gaz ». Lors de son discours sur l’état général de l’Union, Ursula Von der Leyen a lancé officiellement la course au lithium de l’Union Européenne, et celle-ci est déjà en retard. Déjà en tension, le marché du lithium pourrait subir une pénurie lors de la prochaine décennie. Le monde entier se précipite sur cet « or blanc » essentiel à la transition écologique de l’économie. C’est un métal indispensable pour la construction de batteries des voitures électriques par exemple. « Il y a une prise de conscience que nous ne sommes pas souverains pour rouler en voiture électrique, se chauffer avec des panneaux solaires ou construire des éoliennes», remarque Guillaume Pitron, journaliste et auteur de La Guerre des métaux rares – La face cachée de la transition énergétique et numérique (Ed.Les liens qui libèrent). Selon lui, la demande de lithium va être multipliée par 40 entre 2020 et 2040, un enjeu que la Chine a compris en premier. « Elle a 10 voire 20 ans d’avance sur les Européens et les Américains », continue Guillaume Pitron. L’Empire du milieu a même réussi à sécuriser toute sa chaîne d’approvisionnement, à commencer par l’extraction.

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L’Union Européenne, qui dispose de gigantesques ressources mais ne représente qu’1% de la production mondiale de lithium, veut faire de même mais l’exploitation n’est pas sans conséquences. « Il faut assumer les effets négatifs de cette transition vers un monde plus vert, à savoir la construction de mines. C’est un problème d’acceptabilité sociale pour les Européens », explique le journaliste. Seul le Portugal s’est lancé pour l’instant. En Serbie, on a déjà dit non à un projet de mine. Quant à la France, une quarantaine de sources ont été identifiées, notamment en Alsace et dans le Finistère. Des contestations se font déjà entendre. « Extraire du lithium engendre une consommation d’eau importation et une artificialisation des sols autour de la mine, ce qui impacte la biodiversité », alerte Emmanuel Hache, économiste à l’IFP Energies Nouvelles. L’Union Européenne planche cependant sur le concept de « mine durable ». « Cela répond à des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance pour ne pas délocaliser notre pollution dans les pays miniers », souligne l’économiste.

L’Union Européenne veut ratifier des contrats d’importations de « terres rares » avec le Chili, le Mexique et la Nouvelle-Zélande

Les « terres rares » sont une autre face des ressources stratégiques que l’Europe veut aujourd’hui sécuriser. Elles correspondent à 17 éléments chimiques, qui ont ensemble des propriétés exceptionnelles. Elles sont présentes dans toutes les nouvelles technologies – ordinateur, tablette et batteries. Mais il y a aussi un risque de pollution des sols quand il s’agit d’en importer, selon le géographe Ludovic Jeanne : « certains des minerais dans lesquels on trouve des terres rares sont radioactifs ». L’Europe ne dispose que de très peu de sources de terres rares sur son territoire et dans ce domaine aussi, la Chine domine le marché et étend son influence. Il faut donc sécuriser des contrats d’importations. Hier, la présidente de la Commission européenne a annoncé vouloir ratifier de nouveaux accords avec le Chili, le Mexique et la Nouvelle-Zélande.

Laurie-Anne Toulemont

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