L’Europe présente ce mardi 8 février son plan de reconquête pour l’industrie des semi-conducteurs. Mais en quoi ce plan est-il important ?
L’Europe ne produit plus que 10% des composants électroniques de la planète
Nous allons vivre dans un monde de plus en plus numérique. Le digital s’invite dans tous les secteurs économiques. Aujourd’hui, les semi-conducteurs ne sont pas réservés aux télécoms ou à l’informatique. Il faut aussi des puces pour faire des voitures, des compteurs électriques, des éoliennes ou des médicaments. Le logiciel et l’intelligence artificielle vont tout révolutionner et pour faire tourner toutes les industries et les services, nous allons avoir besoin de plus en plus de composants. Pendant la crise du Covid – qui a bousculé les chaînes d’approvisionnement – nous étions totalement désarmés sur ce front. Les Américains dessinent les puces, les Asiatiques les fabriquent et l’Europe en achète. Mais quand les Américains et les Asiatiques ne peuvent pas ou ne veulent pas en livrer, l’Europe se retrouve à l’arrêt.
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L’Europe ne produit plus que 10% des composants électroniques de la planète. C’était 20% dans les années 90. On a donc été marginalisé. L’ambition du plan « Chips », présenté aujourd’hui par le commissaire Thierry Breton, est que l’Europe retrouve ce 20% de la production mondiale d’ici 2030. Cela sera très difficile car l’Europe est dans une course. Tout le monde avance et donc pour doubler de taille en parts de marché, il faudrait que l’on produise quatre fois plus d’ici moins de 10 ans.
ASML, NXP, Infineon, Soitec : des acteurs industriels européens importants
Il faut être ambitieux mais aussi réaliste. On ne peut pas viser une forme d’autonomie ou d’autarcie électronique. Dans cette industrie, l’avance accumulée par certains est plus importante que les milliards d’euros. Cinq années comptent plus que 5 milliards. C’est un secteur avec des économies d’échelles majeures. Certains fournisseurs américains ou asiatiques ont des bases de clients mondiales. On ne pourra jamais investir autant que ces fournisseurs, ni vendre autant pour amortir nos investissements. Il faut donc être malins. On ne peut pas devenir indépendants mais l’Europe peut tout de même essayer de devenir indispensable sur certains segments. Il faut rétablir un rapport de force. On a par exemple des acteurs industriels avec ASML dans les machines, ST Micro, NXP ou Infineon dans les composants ou Soitec dans les dalles de silicium. L’Europe peut donc se rendre incontournable.
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L’Europe et les Etats peuvent financer la recherche et le développement, soutenir des investissements industriels mais il faudra aussi qu’elle choisisse des champions et des secteurs prioritaires. Elle ne doit pas trop se disperser et doit surtout mettre l’accent sur des fabricants capables d’accompagner les secteurs industriels dans lesquels nous sommes bons comme l’automobile, la défense, la machine-outil ou la transition écologique. Il va falloir faire des choix et apprendre à courir un marathon à la vitesse d’un sprint. L’important c’est de commencer par ne pas rater le départ.
David Barroux