Nous entrons dans la phase concrète de la lutte contre le réchauffement climatique. Par conséquent, les entreprises commencent à présenter la facture et elle s’annonce salée.
Automobile, transport aérien, supermarchés : tous les secteurs sont impactés
Il faut agir et vite car le réchauffement climatique est plus qu’enclenché et si nous ne voulons pas franchir un point de non-retour, il faut que dans chaque secteur, de véritables changements interviennent. Dans le bâtiment, les transports, la distribution on entre dans le dur. On a passé des lois et de nouvelles réglementations et les entreprises commencent à présenter la facture. Elles vont devoir investir des milliards d’euros et elles n’ont pas l’intention d’être les seules à payer la note. Dans l’automobile c’est déjà le cas. On sait que l’on va devoir passer à l’électrique. Pour l’instant, les Etats accordent des aides pour accélérer la transition. Par conséquent, le consommateur ne se rend pas compte du prix réel de la voiture électrique. Plus la demande va se développer, plus les Etats – qui ont eu tendance à faire de la voiture une pompe pour les finances publiques via la TVA ou les taxes sur l’essence – et plus le temps va passer, moins les finances publiques vont aider.
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Or pour l’instant, les voitures électriques sont plus chères, et comme elles sont plus chères ce n’est plus rentable pour les constructeurs de faire de petits modèles. La voiture risque de devenir encore plus un objet de luxe. Dans la distribution, les supermarchés vont devoir installer des bornes de recharge sur tous leurs parkings. Il faut mettre des panneaux photovoltaïques sur des ombrières et réduire au total, 40% de la consommation énergétique d’ici 2030. Les distributeurs estiment qu’ils vont devoir investir autour de 3 milliards par an jusqu’à 2030. Ils ont chiffré l’impact à 0,6% d’inflation par an. Dans le transport aérien, l’obligation d’utiliser de plus en plus de biocarburants a poussé Air France à augmenter ses billets de 1 à 4 euros en classe économique et de 1 à 12 en classe affaire. Un euro par ci, un euro par-là, tout cela va faire cher à la fin.
Il va falloir apprendre à consommer moins d’énergie et moins de matière première
Il faut sans doute que l’Etat accompagne. Et comme nos finances publiques vont mal, notre marge de manœuvre est réduite. Certaines dépenses sont des investissements qui finiront par générer un retour positif. Un supermarché qui verra sa facture d’électricité baisser parce qu’il est plus économe, ne sera pas forcément perdant sur la durée. Les nouveaux codes de la construction vont faire monter le prix des maisons mais elles seront mieux isolées.
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Au final, le consommateur ne doit pas se faire d’illusion. Si on veut vraiment avoir un impact il va falloir que l’on change. Pas seulement pour faire des économies sur un plan financier mais parce que l’on doit consommer moins d’énergie et moins de matière première. Pour nous qui vivons dans la société de consommation et pour beaucoup, dans l’opulence, cela n’aura rien de facile. On va devoir trouver un point d’équilibre entre la décroissance et une forme de frugalisme. On va apprendre à voyager moins mais mieux. On ira donc moins loin ou alors moins longtemps. Mais la transition va être douloureuse car elle risque en plus, d’accroître les écarts au sein de nos sociétés.
David Barroux