Cet appel à sauver les hérissons français a été lancé en direction d’Emmanuel Macron par Jean-Xavier Duhart. La pétition ce passionné qui se présente comme permaculteur a déjà recueilli plus de 265.000 signatures. Il demande à l’exécutif de prendre des mesures pour empêcher le déclin de cette population menacée.
Le changement climatique est une des explications du recul du nombre de hérissons
Jean-Xavier Duhart est à la tête de l’association Sauvons les hérissons – Biodiversité en Danger. Il souligne que ce mammifère est victime de la dégradation de son milieu naturel mais son statut d’espèce protégée empêche qu’il soit prélevé ou détenu, même pour la bonne cause : « on demande la création d’un statut d’écocitoyen hérisson, pour que les gens puissent les soigner en relation avec un vétérinaire référent ». Car soigner ces animaux nécessite un accompagnement professionnel. Il est difficile d’estimer l’ampleur du déclin de la population des hérissons, puisqu’il n’existe pas de chiffre précis en France sur le sujet. Mais la pétition compare la situation de la France à celle de la Grande-Bretagne. Selon un rapport publié l’an dernier par la société britannique de préservation des hérissons dans les zones rurales, sur une période de 20 ans la baisse se situerait entre 30 et 75%.
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Quelles sont les causes de ce recul du hérisson ? Patrick Haffner, spécialiste des mammifères au Muséum d’Histoire Naturelle explique que c’est d’abord dû à la diminution des ressources alimentaires : « il y a par exemple beaucoup moins d’insectes et d’invertébrés, en raison des changements dans la pratique agricole et l’usage de pesticides« . La fragmentation des paysages est aussi mise en cause, avec la disparition des haies. « Il y a certainement moins de zones favorables dans les campagnes », poursuit le scientifique, qui pointe également le changement climatique, « qui perturbe le cycle de vie [du hérisson] qui hiberne ».
Les vétérinaires redoutent que le hérisson ne devienne une espèce quasi-domestique
En revanche, précise Patrick Haffner, comme en Grande-Bretagne, la situation semble plus favorable aux hérissons en zones urbaines où les jardins et espaces verts peuvent servir de refuge. C’est ce que confirme également le vétérinaire Guillaume Leloc’h enseignant à l’école vétérinaire de Toulouse où il dirige également le centre de soin dédié à la faune sauvage. Il se dit défavorable à un assouplissement de la réglementation : « c’est l’espèce la plus reçue en centre de soin de la faune sauvage. On ne pense pas que ce soit lié à une menace, mais parce que les gens vont plus facilement ramasser un hérisson ». Or nourrir un hérisson avec des croquettes pour chats par exemple est néfaste pour l’espèce, qui pourrait y perdre son adaptation à la vie sauvage. Guillaume Leloc’h redoute que le hérisson ne devienne une espèce quasi-domestique, autrement dit ce que les vétérinaires appellent un NAC, les nouveaux animaux de compagnie comme les rats, serpents, iguane ou furets.
Marc Teddé