Le broyage des poussins mâles dans la filière des poules pondeuses est – en principe – désormais interdit. Ces mâles sont jugés inutiles dans la filière avicole, puisqu’ils ne pondent pas. Ils sont éliminés, à raison de 50 millions par an.
Le gazage est certes moins impressionnant que le broyage, mais il pourrait potentiellement être source de plus grande souffrance pour les poussins
Théoriquement, le broyage ou le gazage des poussins mâles est désormais interdit depuis le 1er janvier 2023, comme c’est le cas en Allemagne depuis un an. En France, les autorités ont donc imposé aux éleveurs de s’équiper de machines permettant de déterminer le sexe des embryons dans l’oeuf et donc d’éliminer les mâles avant éclosion. Mais les associations de défense des animaux dénoncent des dérogations accordées à la dernière minute à la filière des poules blanches, celle qui produit des œufs blancs destinés à l’industrie, soit 15% de la production nationale. Les poussins pourront toujours être gazés s’ils sont destinés à l’alimentation animale, regrette Laetitia Dinault de l’ONG CIWF – Compassion dans l’agriculture mondiale : « 15%, c’est une grosse dérogation, et [ce pourcentage] pourrait être amené à progresser. Cette filière bénéficie déjà de coûts de production inférieurs, si elle échappe à l’interdiction et au surcoût que cela engendre, ça va créer un appel d’air pour la filière poule blanche ». D’autant que les associations ont également des doutes sur la méthode. Le gazage est certes moins impressionnant que le broyage, mais il pourrait potentiellement être source de plus grande souffrance pour les poussins.
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En Israël, des scientifiques ont créé une espèce de poules pondeuses ne faisant naître que des femelles
Du côté de l’association L214, on parle de douche froide. Si cette interdiction est une avancée, les dérogations qui l’accompagnent suscitent un sentiment de trahison de la parole donnée, explique Brigitte Gothière, cofondatrice de l’association L214 : « Dans la filière poule pondeuse, on en aura terminé avec le broyage, mais il restera le gazage pour une partie des poussins mâles. Dans les autres filières, rien n’a été fait. On aura toujours une dizaine de millions de canetons (femelles) qui continueront d’être broyés ou gazés, puisque la filière foie gras n’utilise que les mâles ». Idem dans le reste du secteur où les chiffres manquent, selon Brigitte Gothière. Elle déplore que les annonces qui laissaient augurer « d’une véritable volonté politique de sortir d’une pratique cruelle détestée par tout le monde » ne soient pas vraiment suivies d’effets. Quoiqu’il en soit, une autre piste pourrait permettre de contourner définitivement la question de l’abattage des poussins mâles. Des scientifiques israéliens ont créé une espèce de poules pondeuses ne faisant naître que des femelles. Cette nouvelle technique pourrait être commercialisée d’ici un à deux ans.
Marc Teddé