Nouvelle PAC : Plus d’exigences environnementales pour les agriculteurs, mais avec des aménagements

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La nouvelle politique agricole commune représente un chèque européen de 387 milliards d’euros sur 5 ans, dont 45 milliards d’euros pour la France. Elle contient des exigences plus importantes pour l’environnement et la biodiversité.

La FNSEA déplore un carcan administratif trop lourd

Principale nouveauté de cette PAC, l’introduction de ce qu’on appelle les « écorégimes » qui remplacent le paiement vert. Cela va conditionner les aides dont bénéficient les agriculteurs. L’objectif est de favoriser les pratiques jugées vertueuses d’un point de vue environnemental. Les agriculteurs seront donc incités par exemple à diversifier leur production, à pratiquer la rotation de leur culture. Les mises en place de haies, de mares, ou de bandes enherbées seront également valorisées. Enfin, les certifications « agriculture biologique » et « haute valeur environnementale » seront prises en compte. Des mécanismes dont se félicitent Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA : « Celui qui ne rentrera pas dans ces écorégimes ne percevra pas ces 60 à 80 euros de l’hectare. Quand on connaît aujourd’hui le montant des revenus agricoles – qui sont quand même assez faibles – , cela va être très incitatif. Ces agriculteurs se poseront la question d’une diversité d’assolement, c’est-à-dire d’avoir des céréales, du maïs, de la betterave, du lin, de la luzerne. Le seul bémol pointé par la FNSEA, c’est un carcan administratif trop lourd, un système très réglementé. On a des dates à respecter alors que on vit avec le climat, et le changement climatique ».

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Certains regrettent la timidité des exigences environnementales de cette nouvelle politique agricole commune

Certains aménagements ont été introduits dans cette nouvelle version de la PAC, comme un droit à l’erreur pour l’agriculteur lors de ses déclarations PAC, ou un système de suivi des surfaces agricoles en temps réel à l’aide d’images satellites. Mais pour Jean-René Ménier, agriculteur dans le Morbihan, cette nouvelle PAC est encore plus kafkaïenne que la précédente, selon ses propres mots et les écorégimes seront contre-productifs : « Pour chaque culture, on a un pourcentage de surface à atteindre, et en fonction du fait qu’on atteint ou qu’on n’atteint pas ce pourcentage, on a des points. Moi, je suis sur une exploitation extrêmement diversifiée, le plus simple pour moi, c’est d’arrêter le plan de pommes de terre par exemple. Je libère 8 hectares, et ces 8 hectares, je les mets en colza ou je les mets en maïs pour être sûr d’obtenir les points nécessaires à cet écorégime, ce qui est quand même contre-productif, et est une aberration ». D’autres, en revanche, regrettent la timidité des exigences environnementales de cette nouvelle politique agricole commune, c’est le cas de Mathieu Courgeau. Cet éleveur de vaches laitières installé en Vendée est également le porte-parole de la plateforme Pour une autre PAC : « Un agriculteur qui est dans un système très intensif, très conventionnel, n’aura pas besoin de modifier ses cultures pour toucher l’écorégime, ou vraiment, à la marge. Cela concernera un très faible nombre d’agriculteurs. On n’a pas été sur un système qui, au contraire, valorise beaucoup mieux les agriculteurs qui ont déjà fait des efforts environnementaux ». Autre concession accordée aux agriculteurs, l’obligation de laisser en jachère 4% de la surface a été suspendue pour cette année 2023 en raison de la guerre en Ukraine et de ses impacts sur les filières agricoles.

Marc Teddé

 

 

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