100 millions de déplacements sont effectués chaque jour en France en voiture, et dans 80% des cas, le conducteur est tout seul. Le gouvernement a présenté son plan covoiturage pour inciter les Français à changer leurs pratiques.
Un plan covoiturage équilibré, selon Julien Honnart, cofondateur de Klaxit
L’objectif de ce plan de covoiturage du quotidien domicile-travail est d’arriver à 3 millions de trajets covoiturés chaque jour en 2027, soit 3 fois plus qu’aujourd’hui. Il contient trois mesures phares. La première, c’est un bonus de 100 euros pour tout nouveau conducteur qui s’inscrira sur une plateforme de covoiturage à partir du 1er janvier prochain : 25 euros seront versés dès le premier trajet, 75 euros au 10ème dans un délai de 3 mois. Julien Honnart est le cofondateur de Klaxit, un des acteurs du marché : « l’Etat va encourager les premiers covoitureurs avec ce bonus de 100 euros. Les collectivités locales prendront ensuite le relais du financement pour créer un changement de comportement dans la durée. On a besoin des subventions des collectivités locales, donc ce plan est équilibré de ce point de vue ».
A lire aussi
C’est d’ailleurs la 2ème mesure principale de ce plan, l’Etat va soutenir les collectivités qui proposent des incitations financières aux covoitureurs – conducteurs et passagers -, 1 euro par trajet pour les conducteurs, par exemple. Les collectivités peuvent le faire depuis qu’elles ont la « compétence mobilité ». Klaxit a noué des partenariats avec 35 villes, explique Julien Honnart : « Les passagers peuvent covoiturer et aller au travail gratuitement tous les jours et les conducteurs sont rémunérés une centaine d’euros par mois. C’est la ville qui va récompenser le covoiturage en subventionnant les covoitureurs ». L’Etat participera à hauteur de 50% aux politiques d’incitation financière des collectivités locales, soit 50 millions d’euros prévus. Julien Honnart compare ce système à celui du ticket de bus : « vous ne payez même pas 20% de son vrai prix, 80% du prix est assumé par la collectivité locale. C’est la même chose pour le covoiturage qui est en quelque sorte un transport en commun pour le périurbain ».
Augmenter les arrêts et les aires de covoiturage, un élément crucial selon Thomas Matagne (Ecov)
La troisième mesure phare de ce plan prévoit une mobilisation par l’Etat de 50 millions d’euros pour aider les collectivités à développer des lignes et des aires de covoiturage. Thomas Matagne est le président fondateur d’Ecov, autre acteur du covoiturage : « Il est important d’aider les collectivités à financer le covoiturage, mais ce n’est pas suffisant. Les gens ne covoiturent pas uniquement pour des questions d’argent, mais surtout des questions de praticité. Faire des arrêts de covoiturage, faire des aires de covoiturage, créer des services tels que des lignes de covoiturage : c’est ce qui permet que les gens lâchent leur voiture pour devenir conducteur, pour devenir passager ». 150 millions d’euros sont mobilisés par l’Etat, une somme loin d’être à la hauteur pour lui : « Pour la première fois en France, un plan covoiturage est financé de manière assez significative, mais on est encore très loin de ce qui sera nécessaire pour faire la transition, globalement dans toute la France périphérique ». Il salue toutefois une « très forte accélération proposée par le gouvernement ». Avec ce plan covoiturage, le gouvernement espère économiser 4,5 millions et demi de tonnes de CO 2, soit 1% des émissions de gaz à effet de serre annuel en France.
Baptiste Gaborit