Il n’est pas simple, quand on est le champion français du covoiturage, de voir tous ses clients potentiels rester à la maison, privés de voyage en raison des confinements. BlaBlaCar, né en 2006, a connu deux années noires et n’a dû son salut qu’à un prêt garanti de l’Etat et à une nouvelle levée de fonds.
BlaBlaCar est présent au Brésil, au Mexique et en Inde
Cette année, dans un contexte de flambée des prix du carburant, le covoiturage séduit de plus en plus les voyageurs. BlaBlaCar anticipe une hausse d’au moins 80 % de son chiffre d’affaires en 2022 et il pourrait même le doubler par rapport à celui de 2021, qui, c’est vrai, n’était pas très bon. Par rapport à 2019, la hausse pourrait atteindre 30 %, plus qu’un retour à la normale post pandémie.
Si BlaBlaCar pousse sur l’accélérateur, il ne le doit pas qu’à la France, mais à son internationalisation, en Europe et ailleurs. Le groupe est présent dans 22 pays et compte aujourd’hui 80 millions d’utilisateurs hors de France, avec des marchés en pleine euphorie comme le Brésil, le Mexique ou l’Inde, des pays où la hausse des prix de l’essence pousse les automobilistes à partager leur voiture.
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Et pourtant la guerre en Ukraine a fait perdre des clients à BlaBlaCar. L’Ukraine s’était aussi convertie au covoiturage, mais cela restait un petit marché comparé à la Russie. L’ogre russe est sous-équipée en transports et rentrait dans le top 4 des plus gros marchés du groupe, que ce soit dans le covoiturage ou dans les bus longue distance. Il y était même quasiment profitable, raconte Denis Fainsilber dans Les Echos. Avec la guerre, les Russes continuent d’utiliser ce service, mais l’équipe locale fonctionne en autarcie et l’argent ne rentre plus dans les caisses du groupe.
La direction du groupe confie aux Echos que BlaBlaCar pourrait être bénéficiaire en 2023
BlaBlaCar aborde tout de même les prochains mois avec optimisme. La start-up arrive à maturité, son business est bien installé, selon la direction du groupe qui révèle aux Echos qu’il espère devenir bénéficiaire en 2023 pour la première fois depuis sa création il y a 17 ans. Pour 2022, ce sera plus difficile, le groupe étant dans une phase importante d’investissement. Il va devoir notamment rentabiliser le rachat de Ouibus, devenu BlaBlaBus, acquisition réalisée juste un an avant le premier confinement. Il reste une question : BlaBlaCar rejoindra-t-il alors le champion de l’écoute de musique sans téléchargement Deezer qui fait son entrée en Bourse aujourd’hui ? Après tout, BlaBlaCar fut la deuxième start-up française à acquérir le fameux statut de Licorne en 2015, avec une valorisation dépassant alors le milliard de dollars.
Pierrick Fay