Face à la crise énergétique, la mairie d’Agen lance un plan ambitieux d’installation de lampadaires solaires. L’économie d’énergie envisagée par la ville est colossale, mais il reste encore des interrogations sur la performance des futurs lampadaires.
Avec ses lampadaires solaires, Agen espère économiser 45% de ses dépenses en électricité
La ville d’Agen est en train de devenir le plus grand parc solaire d’éclairage public en Europe. Un tiers de ses lampadaires vont fonctionner à l’énergie solaire. Le projet a été officialisé hier, mais il était dans les tuyaux depuis 2019. Tout est parti d’un constat : il faut remplacer près de la moitié de l’éclairage public, un « réseau vétuste » après 30 et 40 ans d’utilisation selon Christophe Enault, directeur général adjoint de l’agglomération. Des travaux nécessaires mais qui viennent au pire moment : en pleine crise de l’énergie, la commune craint pour sa facture d’électricité qui risque de bondir l’année prochaine. Dans les prochaines semaines, la ville d’Agen va donc procéder à l’extinction de l’éclairage public entre 23h et 6h du matin sauf en cœur de ville. « On peut espérer 45% d’économies à prix fixe de l’énergie, mais on n’est pas sûr que ça compense l’augmentation actuelle du coût de l’électricité, autour de 150% », regrette-t-il.
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L’éclairage public d’Agen consomme autant d’électricité que 8.500 personnes. Pour atteindre 60% d’économies, la ville va donc combiner l’extinction de l’éclairage avec le solaire : 6.000 lampadaires photovoltaïques vont être installés d’ici 2025, « dans les lotissements, sur les grands axes, les grandes routes », précise Christophe Enault. Il y a cependant des contraintes techniques : « en centre-ville, ça peut être compliqué d’installer des panneaux, à cause de l’ombrage et de la végétation ».
Un lampadaire solaire coûte 2.000 euros, un peu moins qu’un lampadaire classique
Le coût d’investissement avoisine les 15 millions d’euros. C’est le deuxième plus gros projet de la commune, mais sur le long terme, ce sera des économies, garantit Laurent Lubrano, directeur général de Fonroche Lighting. Basée près d’Agen, l’entreprise en charge des travaux pour la commune est le leader mondial de l’éclairage public solaire. « 40% de la facture d’électricité provient de l’éclairage public, l’entretien et la réhabilitation du réseau. C’est la partie immergée de l’iceberg qu’on ne voit pas et qui coûte très cher », constate-t-il. Un lampadaire classique coûte 1.500 euros, une dépense qui grimpe à plus de 2.000 euros avec le câblage. En comparaison, un lampadaire solaire ne coûte que 2.000 euros, poursuit Laurent Lubrano.
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Cependant, le solaire est une énergie intermittente. Il a donc fallu travailler sur la batterie des lampadaires et les algorithmes pour répondre aux exigences de l’éclairage public. Le directeur général pointe qu’en Belgique et aux Pays-Bas, les municipalités arrivent à éclairer puissamment, « toutes les nuits sans exceptions même en hiver ». En France, Fonroche Lighting a déjà équipé l’autoroute de Calais avec 120 lampadaires photovoltaïques. Laurent Lubrano explique comment leur nouvel ouvrage pourra satisfaire les besoins énergétiques : « on a dimensionné la batterie et la puissance du panneau par rapport au pire mois d’ensoleillement des 10 dernières années ». Et l’entrepreneur de regretter qu’il n’y ait pas plus d’aides pour la conversion au solaire des collectivités dans le projet de loi d’accélération des énergies renouvelables, en ce moment en Commission à l’Assemblée nationale.
Laurie-Anne Toulemont