Le bilan humain des pics de chaleur de cet été 2022 est le plus lourd depuis 2003, s’alarme Santé Publique France. Si tout le Sud de la France a été particulièrement exposé, chaque région doit se préparer à des canicules de plus en plus intenses.
80% des décès supplémentaires de la canicule concernent les plus de 75 ans
10.000 décès supplémentaires entre juin et septembre. C’est un bilan que l’on craignait après l’un des étés les plus chauds de l’histoire, que Santé Publique France vient de dévoiler. La surmortalité a bondi de près de 17% pendant la canicule : plus de 2.800 décès « en excès », rien que pendant les pics de chaleur en vigilance rouge cet été. C’est le bilan le plus lourd depuis la canicule de 2003 et le deuxième plus grave depuis que l’institution fait des bilans de canicule, remarque Sébastien Denys de Santé Publique France. La chaleur constitue un risque important pour la santé corporelle, qui provoque déshydratation et déficience en sodium, poursuit-il. Pendant les canicules, « un certain nombre de personnes « décompensent », c’est-à-dire aggravent leur santé par rapport à des pathologies chroniques – respiratoires ou cardiovasculaires – qu’ils avaient déjà », explique-t-il.
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Les personnes âgées sont les premières victimes de cette canicule : les plus de 75 ans représentent 80% des décès enregistrés. Mais ce sont toutes les tranches d’âge qui ont été affectées par la canicule, insiste le directeur Santé-Environnement-Travail de l’agence sanitaire. Il y a aussi eu 17.000 passages aux urgences, soit 2 fois plus qu’en temps normal. Des chiffres « très importants » pour Sébastien Denys, qui constate que ces décès sont « ciblés » sur ces épisodes ponctuels de vagues de chaleur. Mais d’autres causes ont aussi pu jouer sur ces décès, comme le Covid, nuance-t-il.
« Aucune région n’est à l’abri [de la canicule] : il a fait 40 degrés à Brest »
La surmortalité a été particulièrement intense en Occitanie, puis en Auvergne-Rhône-Alpes et en Nouvelle-Aquitaine. C’est tout le Sud de la France qui a payé le plus lourd tribut pendant cette canicule, au cours d’un « été long et éprouvant », analyse Matthieu Sorel, climatologue à Météo France. Jamais autant de « nuits tropicales » – lors desquelles la température ne descend pas en dessous de 20 degrés – n’ont été constatées. Ce bilan vient s’ajouter à celui récemment publié par l’OMS, qui faisait déjà état de 15.000 morts en Europe. Les prochains étés risquent aussi de battre de nouveaux records, à tel point que celui de 2022 peut être considéré comme « relativement classique », alerte-t-il. « Les vagues de chaleurs seront de plus en plus précoces et longues. Aucune région n’est à l’abri, on l’a vu à Brest où il a fait 40 degrés », soupire-t-il.
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Il faut donc de toute urgence revoir les politiques publiques, déclare Sébastien Denys, notamment au sujet de l’aménagement urbain. Il s’agit par exemple de ne pas favoriser les « îlots de chaleur urbains » – des zones très denses en habitats – et développer la végétation et l’isolation des bâtiments. Un chantier d’autant plus pressant qu’en cas de réchauffement planétaire à près de 3 degrés d’ici la fin du siècle, plus de 90.000 personnes pourraient mourir chaque année des épisodes caniculaires en Europe selon l’Agence européenne de l’environnement.
Laurie-Anne Toulemont