A la COP27 en début de semaine, Emmanuel Macron a défendu des solutions concrètes contre le changement climatique, comme la Grande Muraille Verte. Cette barrière écologique reliant le Sénégal et Djibouti vise à contrer la désertification des terres.
Dans les 3 prochaines années, la grande muraille verte doit restaurer 2.500 hectares de terres dégradées
C’est un des projets majeurs du continent africain. La grande muraille verte, longue de 8.000 kilomètres et traversant 11 pays, doit revégétaliser et lutter contre la désertification des terres dans la région sahélienne, du Sénégal jusqu’à Djibouti. Elle implique des centaines de projets, comme celui de l’ONG CCFD Terre Solidaire, qu’elle mène au Tchad avec plusieurs organisations locales. Le défi est le développement de 3 filières alimentaires : les arachides, le niébé (un haricot) et la spiruline. « Notre action va conduire à structurer des coopératives et à diffuser la culture de ces aliments via des pratiques écologiques », présente Isabelle Manimben du CCFD. « On souhaite que ces produits rentrent dans l’alimentation des ménages et qu’ils ne soient pas que des « cultures de rente » [destinées à générer du profit] ».
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L’enjeu est aussi de restaurer 2.500 hectares de terres dégradées lors des 3 prochaines années, via par exemple des cordons pierreux. Des « aménagements » du sol qui visent à limiter le ruissellement de l’eau et à améliorer l’utilisation de l’eau de pluie, selon Isabelle Manimben. « Il faut restaurer la fertilité des sols et adapter nos systèmes de production agricole pour atténuer le changement climatique« , explique-t-elle.
Après avoir stagné, le projet a été relancé en 2021 avec 14 milliards de dollars
Aujourd’hui, 30% des terres de la région sahélienne sont dans un état de dégradation avancée selon l’ONU : la faute à certaines techniques pastorales et aux sécheresses. Plus de 13 millions de personnes sont en ce moment en situation d’insécurité alimentaire aigue. Et le changement climatique aggrave la situation, un des principaux facteurs de dégradation de la sécurité alimentaire selon Matthieu le Grix, en charge de la division agriculture à l’Agence Française de Développement. « Plus que le manque de pluies ou la chaleur intense, c’est l’instabilité du climat qui a un impact négatif. On sait de moins en moins quand commence la saison des pluies », observe-t-il, et celles-ci sont ponctuées par des « poches de sécheresse » qui menace les cultures.
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Lancée en 2007, la grande muraille verte s’est enlisée depuis. Sur les 100 millions d’hectares de terres dégradées à restaurer, seul 4% de cette barrière a été réalisée. Les problèmes de gouvernance et des moyens s’accumulent et les acteurs locaux ne sont pas assez associés au projet. C’est pour cela que l’initiative a été relancée en janvier 2021 avec 14 milliards de dollars annoncés il y a un an et demi. « Des montants très importants » pour Mathieu Le Grix. « De plus, la prise en compte des enjeux de protection de la biodiversité et du climat est beaucoup plus forte qu’avant. On progresse », espère-t-il. Cette grande muraille vise 10 millions d’emplois verts et 250 millions de tonnes de carbone séquestrées d’ici 2030. Mais un autre obstacle demeure : les problèmes de sécurité dans la région, qui ralentissent le déploiement des projets.
Baptiste Gaborit