COP15 en Côte d’Ivoire : Face à la dégradation des sols, quelles solutions ?

Oxfam International / Flickr

La COP15 sur la lutte contre la désertification des sols s’ouvre ce lundi 9 mai à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Cette COP est beaucoup moins connue que sa grande sœur sur le climat, mais elle aborde également des enjeux majeurs, à l’heure où un peu partout dans le monde, les terres se dégradent.

Cette COP15 doit être la COP de la mise en œuvre des projets

40% des terres émergées de la planète sont aujourd’hui dégradées selon les Nations Unies, et la moitié de la population mondiale menacée. Patrice Burger est le président du Cari, le centre d’actions et de réalisations internationales, une ONG impliquée dans la convention des nations unie sur la lutte contre la désertification : « les sols ne sont plus capables d’absorber l’eau, de faire circuler l’air, de nourrir les micro organismes et la biodiversité qui sont dans les sols. Ils ne peuvent plus soutenir les écosystèmes, or leur dégradation signifie qu’il est impossible de fournir les services qu’ils rendent d’habitude aux populations ». Il y a d’importantes conséquences sur l’alimentation, sur les migrations de populations qui fuient ces terres dégradées. Les activités humaines, l’agriculture intensive, la déforestation, l’urbanisation sont en cause, mais il y a aussi des explications naturelles, notamment les sécheresses à répétition.

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« Il y a des états, notamment beaucoup d’états africains, qui souhaiteraient obtenir un instrument contraignant sur la sécheresse, autrement dit une solidarité », explique Patrice Burger, ajoutant que les pays occidentaux restent sur la réserve dans ces discussions. Il s’agit par exemple de mettre en place dans les pays en développement des mécanismes d’alerte des sécheresses. Cette COP15 doit être la COP de la mise en œuvre des projets pour enrayer cette dégradation, avec par exemple le développement un peu partout de l’agroécologie : « cette agriculture favorise la vie des sols, économise l’eau, respecte et diversifie les espèces cultivées et la biodiversité en général », pointe le président de Cari, qui précise que cela entraîne aussi la réduction des pratiques néfastes, comme les labours profonds et l’utilisation de produits chimiques de synthèse.

 

La grande muraille verte, projet titanesque du Sénégal à Djibouti

On parle aussi de restauration des terres déjà dégradées. C’est un autre des grands thèmes de cette COP15 : Comment restaurer, et avec quels moyens ? Là aussi des solutions existent, par exemple la mise en place de cordons pierreux dans les parcelles. Sandra Rullière, responsable adjointe de la division agriculture de l’agence française de développement finance certains de ses projets : « ces pierres vont bloquer l’érosion des sols, limiter le ruissellement des eaux sur cette zone et permettre l’infiltration de l’eau dans les terres. Quand vous associez ces cordons pierreux avec de la régénération naturelle, vous remettez des arbres dans le paysage et vous recréez un espace avec plus de biomasse, plus de production agricole ou de production pastorale pour les hommes et les animaux ».

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Et puis il sera question du projet le plus connu de lutte contre la désertification des terres : la grande muraille verte, projet titanesque sur toute la bande sahélienne, du Sénégal à Djibouti, avec une mosaïque de projets de végétalisation. La grande muraille verte lancée il y a 15 ans s’est enlisée. En janvier 2021, lors du One planet summit, 12 milliards d’euros avaient été promis. Là aussi, cette COP15 doit être celle de la mise en œuvre…

Baptiste Gaborit

 

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