La déforestation et l’affaissement de la biodiversité entrainerait l’expansion des pandémies. C’est ce que montre le documentaire, La fabrique des pandémies, réalisé par Marie-Monique Robin qui présente les conclusions de 62 scientifiques.
« La déforestation et l’extinction des espèces entrainent une hausse des épidémies »
Le déclin de la biodiversité favorise l’émergence des maladies infectieuses et ainsi des pandémies. Si ce lien peut paraitre surprenant, il est pourtant très clair aujourd’hui. Le documentaire, La fabrique des pandémies réalisé par la française Marie-Monique Robin permet de s’en rendre compte. Le film est diffusé ce dimanche 22 mai sur Ushuaia TV à 20H45. La réalisatrice a suivi pendant plusieurs mois des scientifiques aux 4 coins du monde. Tous travaillent sur l’émergence des pandémies. Tous sont arrivés à la même conclusion : « ce sont des parasitologues, virologues et épidémiologistes de tous continents qui ont unanimement conclu que la déforestation et l’extinction des espèces entrainent une hausse des épidémies ».
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Ainsi, Robin nous emmène avec Juliette Binoche qui incarne le documentaire, en Guyane, aux Etats-Unis, en Thaïlande et à Madagascar. Partout, en affaiblissant la biodiversité, et en grignotant chaque jour encore un peu plus des espaces naturels, l’homme se met en danger. Un des passages les plus marquants du documentaire où l’on voit Juliette Binoche avec Serge Morand, un chercheur français au CNRS, écologue de la santé, et parasitologue, qui travaille en Asie du Sud Est depuis de très nombreuses années souligne la corrélation entre la perte de la biodiversité et les pandémies : « si l’on prend 2 cartes, une correspondant aux lieux où les espèces sont potentiellement en voie d’extinction et une autre qui représente les épidémies de 1950 à 2018, on remarque que les zones touchées sont les mêmes. Les deux cartes se superposent »
« Les prédateurs qui régulent les espèces vectrices de virus disparaissent »
Serge Morand nous explique le lien entre déclin de la biodiversité et augmentation du risque d’émergence de nouvelles maladies : « quand on touche localement la biodiversité par la déforestation ou la simplification des paysages, on perd des prédateurs qui régulent les vecteurs et les réservoirs de virus, c’est-à-dire les moustiquesou les rongeurs par exemple. On perd également des espèces très compétitives qui empêchent certains animaux d’entrer en contact avec les humains. S’il n’y a plus de régulation naturelle les cycles d’épidémie sont favorisés ». C’est ce que les scientifiques appellent « l’effet de dilution ». En effet, plus la biodiversité est riche, plus les équilibres sont respectés, plus le risque est dilué. Cela n’est plus le cas dans beaucoup d’écosystèmes.
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On a eu l’exemple avec un virus inconnu dans les années 90 qui a fait une dizaine de morts aux États-Unis. Cet hantavirus était présent dans une petite souris généraliste qui prolifère donc les monocultures. Ainsi de nombreuses zoonoses (des maladies qui se transmettent de l’animal à l’homme), sont apparues ces dernières décennies, tel le sida, Ebola, le MERS ou le Nipah. Avec les rythmes actuels de déforestation et plus largement de destruction du vivant, les pandémies vont se multiplier. Les scientifiques en sont certains. La bonne nouvelle est que les premières études prouvent qu’il est possible d’inverser la tendance : « on est en train de travailler sur un projet qui souligne l’impacte positif des mesures de reforestation. On voit revenir la faune, notamment certains rongeurs moins dangereux pour les humains qui font également baisser les espèces plus enclines à côtoyer l’homme ». Il faut donc saluer ces scientifiques qui travaillent tous les jours au plus près des virus et autres pathogènes pour tenter de les repérer et de les comprendre.
Baptiste Gaborit