En France, il fera en moyenne 3,8 degrés de plus à la fin du siècle, selon une étude inédite du CNRS et de Météo France. Une perspective inquiétante, 50% plus élevée que les précédentes prévisions. En fonction de l’optimisme du scénario, ce réchauffement varie de 2,3 à 5,6 degrés.
En été, le réchauffement climatique dépasserait en moyenne 5 degrés dès la fin du siècle
Puisque le réchauffement climatique est sensiblement revu à la hausse, il pourrait atteindre 3,8 degrés à la fin du siècle, selon une étude très sérieuse du CNRS et de Météo France. Pour y parvenir, les chercheurs ont utilisé des nouveaux modèles de simulation climatique. Dans un scénario dit intermédiaire, « selon lequel les émissions augmentent faiblement puis diminuent dans la deuxième moitié, ce qui suppose déjà des efforts substantiels », le réchauffement climatique atteindra à la fin du siècle en France 3,8 degrés, affirme Aurélien Ribes, climatologue co-auteur de l’étude. La révision est fortement en hausse par rapport aux précédentes études : 50% de réchauffement en plus. Selon ces estimations, il dépasserait 5 degrés pendant l’été. Cela laisse présager une recrudescence d’évènements extrêmes comme les canicules, les incendies, la sécheresse des sols mais aussi les vagues de froid selon Aurélien Ribes.
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Le scénario optimiste prévoit un réchauffement de 2,3 degrés, ce qui correspond aux objectifs européens
Dans les scénarios pessimistes, selon lesquels on échoue à réduire les émissions de gaz à effet de serre, le réchauffement dans l’Hexagone avoisinerait les 5,6 degrés. A l’inverse, le scénario le plus vertueux nous fait arriver à 2,3 degrés à la fin du siècle. C’est celui-ci qui correspond aux objectifs fixés dans l’Union Européenne, à savoir une baisse des émissions de gaz à effet de serre de 55% en 2030 et une neutralité carbone en 2050. Force est de constater que le réchauffement climatique en France est comparable à ce qui est observé ailleurs. En revanche, ces résultats démontrent que des niveaux de réchauffement de 2 ou 3 degrés vont être atteints avec des émissions plus faibles que ce que l’on pensait jusque-là. Cela devrait pousser à mettre en place de nouvelles politiques d’adaptation.
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Ces résultats publiés par les chercheurs français ont été trouvés grâce à l’utilisation de nouveaux modèles, les mêmes qui ont été utilisés dans le dernier rapport du GIEC. Cette méthode prend en compte les données climatiques observées ces dernières décennies. « Avant, les projections étaient uniquement basées sur des modèles, des simulations », explique Aurélien Ribes. « Désormais, les observations du réchauffement climatique nous renseignent sur l’ampleur de celui-ci ». Avec les simulations numériques et les observations, la « fourchette d’incertitude » est réduite, poursuit le climatologue. Les chercheurs français travaillent aussi pour adapter ces modèles à des échelles encore plus fines, par exemple pour déterminer le climat futur dans les régions françaises.
Baptiste Gaborit