Tortue luth, requin, gorille des plaines : Les vertébrés plus que jamais menacés par le réchauffement climatique selon WWF

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Le dernier rapport de l’ONG WWF s’alarme de l’effondrement de 70% de plusieurs populations de vertébrés en France et dans le monde. Le réchauffement climatique, devenu troisième cause de cette effrayante perte de biodiversité, est mis en cause par les scientifiques.

En 50 ans, 80% des gorilles des plaines et des éléphants des forêts africaines ont disparu

L’érosion de la biodiversité dans le monde se poursuit à un rythme infernal. Un nouveau rapport du Fonds Mondial pour la Nature (WWF) pointe qu’en moins de 50 ans, 70% des populations de vertébrés suivies par le WWF – soit 5.200 espèces – ont disparu. Ce chiffre était de 58% il y a 10 ans. La situation est catastrophique, surtout en Amérique Latine et dans les Caraïbes, insiste Véronique Andrieux, directrice générale du WWF. « Dans ces régions, l’effondrement atteint 94%. On constate que certains milieux naturels comme l’eau douce sont dans un état particulièrement alarmant », se désole-t-elle. Les espèces très impactées sont par exemples les gorilles des plaines, dont 80% de la population a disparu et la population d’éléphants des forêts africaines qui a diminué de 86%. Quant aux requins, plus de deux tiers d’entre eux se sont éteints.

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L’effondrement touche aussi la France : par exemple, 50% de notre population de rainettes a été décimée. Les causes de ce déclin sont bien connues. C’est d’abord la perte des habitats naturels précipitée par la déforestation, suivie de la surexploitation puis des conséquences du changement climatique, qui se hisse en troisième position cette année. Comme une « goutte qui fait déborder le vase » selon la formule d’Arnaud Gauffier, directeur des programmes du WWF, « le changement climatique amène une population d’espèces déjà fragilisées pour certaines raisons au bord de l’extinction voire à l’extinction », explique-t-il.

Au delà de 1,5 degré, le réchauffement climatique sera la principale cause de perte de biodiversité

C’est l’exemple de la tortue luth en Guyane française, une des plus grandes tortues du monde dont 95% de la population a disparu. La principale cause de sa mortalité était la pêche illégale mais le changement climatique est en train de prendre « une place prépondérante » dans le classement des menaces, raconte Arnaud Gauffier. « Il y a l’érosion des plages qui rend les sites des pontes inexploitables et l’augmentation de la température du sable, qui augmente la probabilité de donner naissance à des tortues femelles », engendrant un déséquilibre fatal pour la reproduction de l’espèce. Au-delà de 1,5 degré de réchauffement, le changement climatique deviendra la cause principale de la perte de biodiversité, parce qu’il modifie le régime des pluies et qu’il provoque des sécheresses.

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Pourtant, tout n’est pas perdu, nuance le WWF. Quelques bonnes nouvelles subsistent : les populations de tigres ont presque doublé en 10 ans. En France, 200 lynx sont revenus en France après avoir totalement quitté le territoire dans les années 1970. « La situation est catastrophique mais pas désespérée », précise Véronique Andrieux du WWF. « On voit que des populations se rétablissent rapidement quand on leur donne de l’espace via des aires protégées et qu’on limite certaines pollutions ». C’est aussi le cas du loup, qui est « revenu naturellement » en France, et du thon rouge en Méditerranée, après une quasi-extinction dans les années 2000, esquivée grâce à l’imposition de quotas. Plein d’espoir, le WWF compte notamment sur deux textes majeurs en cours de discussion au niveau européen : le projet de lutte contre la déforestation importée et le projet de restauration à grande échelle des écosystèmes.

Baptiste Gaborit

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