Urgence climatique : Cycle de l’eau douce, la 6e limite planétaire vient d’être franchie

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La sixième limite planétaire vient d’être franchie. Selon un rapport paru le 28 avril, le seuil de sécurité du cycle de l’eau douce a été dépassé.

« Nos sols ne sont plus capables de contenir l’eau »

Le cycle de l’eau douce est la sixième limite planétaire à être franchie. En 2009, des scientifiques ont identifié et défini 9 limites planétaires. Ce sont 9 seuils à ne pas dépasser, au risque de déstabiliser gravement l’équilibre du système terrestre. 5 de ces limites avaient déjà été franchies. Le 28 avril, dans une étude publiée par la revue Nature, des chercheurs estiment que le seuil de sécurité a été dépassé. Cela concerne en fait ce qu’on appelle le cycle de l’eau verte.

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Emma Haziza est hydrologue et fondatrice de Mayane, centre de recherche consacré à l’adaptation au changement climatique nous explique les différents types d’eau douce : « l’eau verte est incluse dans nos sols, c’est une eau qu’on ne voit pas. A l’inverse de l’eau bleue, qui désigne notamment les fleuves et les lacs, elle n’est pas visible. On n’a donc pas mesuré l’eau verte depuis des années ». En prenant en compte cette eau verte dans leurs calculs, les chercheurs estiment que le cycle de l’eau est déjà en réalité très dégradé : « nos sols ne sont plus capables de contenir l’eau car les cycles de l’azote et du phosphore ont déjà été touchés. Comme les sols n’ont plus assez de matière organique pour conserver l’eau, à la moindre chaleur l’eau s’évapore. Donc, les sols s’assèchent et meurent massivement ».

 

2 limites planétaires ont été franchies depuis le début de l’année 2022.

En effet, l’évaporation, c’est de la vapeur d’eau dans l’atmosphère, c’est-à-dire un gaz à effet de serre. Cette eau retombe ensuite violemment et s’écoule vers les océans. Les sols ne peuvent plus retenir l’eau à cause de l’agriculture intensive, à cause des monocultures, de la déforestation et du changement climatique. Toutes les régions du monde sont concernées. Emma Haziza appelle à prendre conscience de la gravité de ce que veut dire le manque d’eau : « on constate des sécheresses historiques. Pourtant on ne met que des pansements sur des plaies. Tant qu’on continue à déforester massivement et à soutenir un modèle agricole incohérent, on se met gravement en danger. On ne comprend pas que l’homme est composé d’eau et a besoin de cette eau au quotidien. On consomme 5000 litres d’eau tous les jours, cachées dans nos assiettes et notre mode de vie ».

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2 limites planétaires ont été franchies depuis le début de l’année 2022. L’eau douce donc mais aussi la pollution plastique. 4 autres limites avaient déjà été dépassées tel le changement climatique, l’érosion de la biodiversité ou encore les changements d’utilisation des sols. Les limites planétaires sont un concept scientifique destiné à évaluer la stabilité de notre écosystème planétaire. Cela permet de fixer pour plusieurs variables écologiques, un seuil, au-delà duquel des phénomènes préoccupants sont possibles. Aurélien Boutaud, chercheur du CNRS et auteur du livre Les limites planétaires, nous explique que ces limites ont bel et bien été franchies : « imaginons que des scientifiques vous disent que vous pouvez avancer sur la banquise jusqu’à 10 mètres et qu’ensuite la glace peut céder à tout moment. Aujourd’hui l’espèce humaine a dépassé cette limite, elle est à 15 mètres. Si la glace n’a pas encore cédé, cela peut arriver prochainement ». Avec le franchissement de ces limites planétaires, on risque donc un emballement irréversible du système.

 

Baptiste Gaborit 

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