Le loup été vu dans la Vienne le 28 novembre dernier, dans les Yvelines le 11 novembre et en Indre-et-Loire le 26 novembre. Revenu en France en 1992 via les Alpes du Sud, le loup gris recolonise peu à peu la France, y compris donc désormais dans l’Ouest et le Nord du pays.
Ces loups solitaires cherchent un nouveau territoire et sont capables de faire 80 ou 100 km en une journée
Le 26 novembre dernier, à Cinq-Mars-la-Pile, petit village d’Indre-et-Loire, au petit matin, un agriculteur croise la route d’un animal et s’arrête net. Franck Derré, adjoint du chef de service de l’Office français de la biodiversité en Indre-et-Loire raconte que l’homme observe « un canidé de grande taille, en bordure de route » et qu’il l’identifie rapidement à un loup. L’agriculteur prend des photos et les envoie au bureau de l’Office français de la biodiversité. Les agents n’ont alors que peu de doutes, mais pour confirmer cette impression, ils envoient sur place le jour même plusieurs agents. Ils ont fait des relevés d’empreintes et des relevés de pistes, « puisque le loup a une façon de marcher totalement différente du chien » explique Franck Derré.
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C’est donc bien un loup qui a été aperçu ce matin-là pour la première fois en Indre-et-Loire depuis plus d’un siècle, et également dans les Yvelines. En Loire-Atlantique, c’est le cadavre d’un loup qui a été découvert récemment. Alors même que les meutes de loup connues en France vivent dans les Alpes, dans le Sud ou dans l’Est, cette colonisation n’a en réalité rien d’étonnant. Farid Benhammou, géographe, chercheur au laboratoire Ruralités de l’université de Poitiers précise que la meute, qui est sédentaire et constituée de deux à cinq individus est parfois en surpopulation. « Les jeunes ont tendance à partir, ils peuvent faire des centaines de kilomètres, avec un record à plus de 2000 kilomètres », précise Farid Benhammou qui ajoute que « n’importe quel territoire français peut voir surgir un loup ». Ces loups solitaires cherchent un nouveau territoire et sont capables de faire 80 ou 100 km en une journée, mais la présence d’un loup ne signifie pas qu’il est installé sur le territoire. L’installation est liée à la reproduction, il lui faudrait donc un partenaire du sexe opposé. Or jusqu’à présent les meutes sont uniquement dans les Alpes, le sud et l’est de la France.
Le loup n’est pas craintif, il vient chercher de la nourriture
Il faut s’attendre, selon Farid Benhammou, à voir le loup coloniser la France entière pendant les prochaines années. Il ne lui faut que la nourriture -des sangliers notamment- en plaine, et ce n’est pas ce qui manque en France. Aujourd’hui, il y a environ 620 loups en France, une population qui croît, mais un peu moins vite ces dernières années. Le taux de prélèvement est aujourd’hui de 19%, c’est le pourcentage de loups qui peuvent être abattus chaque année. Une politique jugée inefficace par le chercheur Farid Benhammou, notamment face aux attaques de troupeaux : « ces tirs peuvent déstructurer une meute, qui en conséquence, pourrait surattaquer, d’autant que lorsqu’on met une grosse pression d’élimination sur une espèce, elle a tendance à se reproduire plus vite ». Certains loups ont également été observés ces dernières semaines proches des villes. Rien d’étonnant non plus selon les spécialistes, le loup n’est pas craintif, il vient chercher de la nourriture. Il ne faut pas s’en inquiéter et peut-être même s’y habituer !
Baptiste Gaborit