Quelques jours après la fin de la COP26, l’Union Européenne s’attaque à ce que l’on appelle la déforestation importée c’est-à-dire la consommation de produits en Europe, qui contribuent à la déforestation à l’autre bout du monde. La Commission européenne doit présenter un texte de loi ce 17 novembre.
Carrefour, Danone et Nestlé devront également se plier à cette loi
La déforestation importée est loin d’être anecdotique selon le WWF (le fonds mondial pour la nature), l’Union européenne est le deuxième importateur de déforestation tropicale à l’origine de 16% de la déforestation associée au commerce international. Elle est derrière la Chine avec 24%, mais devant les Etats-Unis, l’Inde ou le Japon. Selon Pierre Cannet, directeur des programmes du WWF : « entre 2005 et 2007, les importations européennes avaient provoqué la déforestation de 3,5 millions d’hectares de terre que ce soit avec le soja qui pèse sur la savane du Cerrado ou encore l’huile de palme qui vient peser sur les forêts ou les tourbières de l’Asie du Sud-Est, jusqu’au bois importé du bassin du Congo pour répondre à nos besoins et nos demandes ici dans l’Union européenne ».
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Le café que vous buvez le matin, le chocolat, l’huile de palme… Tous ces produits sont bien souvent associés à la déforestation. L’Union européenne veut donc restreindre l’accès au marché européen pour plusieurs produits. Ils ne pourront plus rentrer en Europe s’il est prouvé qu’ils sont issus de parcelles déforestées. Selon Pascal Canfin, député européen, président de la Commission environnement au Parlement européen : « nous allons exiger des importateurs en Europe comme par exemple Carrefour, Danone ou Nestlé, qu’ils obligent les acheteurs et sous-traitants à devoir mettre sur la table, au moment ou il passent la douane, des contrôles qui s’assurent que les produits qui passent la frontière européenne soient bien issus d’hectares qui n’ont pas été déforestés récemment ».
Le texte pourrait entrer en vigueur dans 2 ou 3 ans, le temps pour les entreprises de s’adapter et de s’organiser
5 produits, parmi les plus gros contributeurs de déforestation, devraient être dans la liste proposée aujourd’hui par la commission : le soja, le bœuf, l’huile de palme, le café et le cacao. Les importateurs devront établir leur origine, grâce notamment à l’appui des images satellites. « Nous sommes capables de regarder kilomètre carré par kilomètre carré, les forêts tropicales et de comparer les mêmes photos en se disant : maintenant c’est un champ de soja alors qu’il y a 4 ans c’était l’Amazonie » affirme Pascal Canfin. Une loi qui une fois adoptée sera une première mondiale. « Je pense que c’est un moment historique parce que nous sommes vraiment en train d’entrer dans le dur de la transformation des règles du jeu commercial pour y intégrer les enjeux de soutenabilité, de biodiversité et de climat » dit-il.
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Le WWF salue également un texte important à condition qu’il soit suffisamment contraignant avec des contrôles renforcés sur les produits importés ainsi qu’une liste de produits concernés suffisamment importante. Pour Pierre Cannet : « difficile par exemple d’imaginer que l’on ne traite que le bœuf et que le poulet soit laissé de côté, ou même que l’on pense au soja sans parler du maïs ». Le WWF appelle également à cibler les produits à l’origine de conversion d’écosystèmes et pas seulement des forêts tropicales mais aussi des savanes, des prairies et des zones humides. Le texte pourrait entrer en vigueur dans 2 ou 3 ans, le temps pour les entreprises de s’adapter et de s’organiser.
Baptiste Gaborit