Réchauffement climatique : Le volume des glaciers suisses a été divisé par deux en 90 ans

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Une étude menée par des chercheurs suisses alerte sur la fonte des glaciers dans les Alpes. Cette année, le dégel devrait atteindre des records à cause des vagues de chaleurs estivales.

Ce recul des glaciers s’est nettement accéléré à partir du milieu des années 80

Une étude menée par des chercheurs suisses, notamment de l’école polytechnique de Zurich, a confirmé que la fonte des glaciers alpins s’accélère dangereusement. Le volume de ces géants de glace en Suisse a été divisé par deux en 90 ans. Les chercheurs ont réussi à reconstituer la topographie de l’ensemble des glaciers suisses en 1931 à l’aide de plus de 20 000 images d’archives. Ils ont ensuite comparé ces données avec celles des années 2000. Martin Ménégoz, climatologue et spécialiste des régions de montagne à l’Institut des Géosciences de l’Environnement à Grenoble (IGE) affirme que cette étude, basée sur des observations en trois dimensions, est novatrice. « Elle conforte d’autres analyses statistiques et on peut extrapoler ces résultats au reste des Alpes », en Autriche, en Italie et aussi en France. Ce recul des glaciers s’est nettement accéléré à partir du milieu des années 80 selon Christian Vincent, glaciologue au CNRS et à l’IGE. « Une rupture s’est produite à l’époque, mais les 8 années les plus déficitaires en termes de fonte ont eu lieu après 2000 ».

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Même avec un scénario modéré de réchauffement climatique, la plupart des glaciers auront disparu d’ici 2100

Avec les multiples vagues de chaleur subies par la France cet été, le dégel devrait atteindre des records cette année. Christian Vincent et son équipe travaillent sur un projet nommé Glacioclim : ils vont mesurer plusieurs fois par an 5 glaciers alpins. Leurs données sont formelles : « Actuellement, les glaciers sont dans l’état de la fin de la saison estivale de 2015, qui fut la saison la plus déficitaire ». Cependant, il reste encore un mois de fonte à endurer. Le manteau neigeux hivernal a déjà disparu des glaciers jusqu’à 3500 mètres d’altitude, ce qui est inédit. En 2015, les glaciers alpins avaient perdu 2,50 mètres d’épaisseur : ce sera probablement plus de 3 mètres à la fin de cet été caniculaire. Même avec un scénario modéré de réchauffement climatique d’environ 3 degrés Celsius d’ici 2100, la plupart des glaciers auront disparu. Les conséquences seront notamment hydrologiques. Si les stocks d’eau seront moins importants à long terme, ils augmenteront massivement à court terme. On l’observe déjà dans le sud du Pakistan : le fleuve Indus, alimenté par la fonte des glaciers et par des pluies torrentielles, s’est transformé en torrent cet été. Déjà plus de 1000 personnes sont mortes dans les inondations.

Baptiste Gaborit

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