Energie : Exploiter le lithium français, un projet voué à l’impasse?

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Le gouvernement souhaite pérenniser l’extraction de lithium français pour assurer la production de batteries électriques, clé de la transition écologique. Cependant, l’opposition locale aux projets de mines est déjà forte : le développement de la production française s’annonce compliquée.

 

Des gisements de lithium sont présents en Bretagne, en Auvergne et dans l’Est de la France

Dans son interview aux Echos ce lundi, Emmanuel Macron promet de développer les mines de lithium dans l’Hexagone. L’or blanc, le pétrole du 21ème siècle, … appelez le comme vous voulez, mais ce métal est hautement stratégique pour la transition écologique. Il est en effet présent dans les batteries des voitures et des vélos électriques. La consommation mondiale de lithium est multipliée par 2,5 tous les 3 ans – l’extraction est assurée majoritairement par l’Australie, le Chili, la Bolivie et l’Argentine selon Guillaume Pitron, journaliste et auteur de La Guerre des métaux rares – La face cachée de la transition énergétique et numérique (Ed.Les liens qui libèrent). « Mais la Chine est leader dans le raffinage du lithium avec 50% du total », remarque-t-il.

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L’Europe, responsable d’1% de la production, est dans une situation de totale dépendance à la Chine. Pékin se sert de ce lithium pour produire ses batteries et ses voitures électriques alors même que l’Europe dispose de ressources gigantesques en Espagne, en Serbie, au Portugal … mais aussi en France. « On a des gisements en Bretagne, en Auvergne et dans des eaux géothermales de l’Est de la France. On a largement de quoi subvenir à nos besoins », martèle-t-il.

La consommation de lithium pourrait être 42 fois plus importante en 2040 qu’en 2020

En début d’année, l’ancienne ministre de la Transition Ecologique Barbara Pompili défendait aussi l’extraction de lithium français. C’est une question de souveraineté technologique pour la filière automobile mais aussi environnementale. Certes, la consommation d’eau entraînée par l’extraction de lithium est « colossale ». « En Amérique du Sud, il y a des conflits d’usages entre les populations locales et les entreprises minières qui exploitent l’eau utilisée pour l’agriculture », raconte Guillaume Pitron. Il est cependant temps de sortir de nos contradictions, poursuit le journaliste, pour qui la ruée vers la voiture électrique doit inciter la France à relocaliser sa production. « Si on extrait le lithium en France avec une règlementation environnementale stricte, on fera toujours mieux qu’en Chine ou au Congo », insiste-t-il.

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Pour l’instant, l’opposition locale aux projets de mines de lithium est forte, comme à Tréguennec en Bretagne ou dans les autres pays européens. Les ONG comme les Amis de la Terre montent au créneau : il faut « un bilan poussé et sérieux des besoins », réclame Judith Pigneur, spécialiste des questions d’extraction pour l’ONG. « Si c’est pour utiliser le lithium dans des batteries de SUV, ce n’est pas la peine. D’abord, on doit se concentrer sur la sobriété, ensuite sur le recyclage, et enfin sur une potentielle extraction du lithium ». Néanmoins, le recyclage ne suffira pas. La consommation de lithium pourrait être 42 fois plus importante en 2040 qu’elle ne l’était en 2020.

Baptiste Gaborit

 

 

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