Inondations, sécheresse : Des compensations au changement climatique réclamées par les pays du Sud

CHINE NOUVELLE/SIPA

Financer les dégâts irréversibles du changement climatique causés par les pays du Nord : voilà ce que demandent le Pakistan et d’autres pays du Sud. La discussion domine l’agenda de la COP27 en Egypte, et le compromis semble encore difficile à atteindre.

Le montant des dégâts des inondations au Pakistan s’élève à 30 milliards de dollars

Le Pakistan a été touché par de terribles inondations entre juin et septembre. Un tiers du pays s’est retrouvé inondé après de violentes pluies. Plus de 30 millions de personnes ont été touchées directement et plusieurs millions ont dû fuir, selon Imran Saqib, directeur des politiques du WWF au Pakistan. « La plupart sont encore sur les routes et n’ont nulle part où revenir, avec des problèmes d’accès à l’eau potable et aux sanitaires », s’alarme-t-il. 1.700 personnes ont été tuées, 6.000 kilomètres de routes ont été emportées et plus d’1,5 million de maisons ont été détruites ou endommagées, notamment dans les provinces les plus rurales du pays, le Sindh et le Baloutchistan. A cela s’ajoute le problème des récoltes : « beaucoup de cultures, comme celles du coton et de la canne à sucre, ont été touchées », pointe Imran Saqib. « De nombreuses terres sont encore sous les eaux, ce qui est mauvais pour les récoltes à venir ».

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Les pluies se sont abattues après un épisode de sécheresse très violent, faisant déborder tous les cours d’eau. « La canicule de mai à juin a frappé principalement les populations vulnérables », remarque Baloch Ganaz, chercheuse spécialiste du changement climatique : « dans ma ville, il a fait 54 degrés en 2019, un record en Asie ! ». Ces évènements climatiques extrêmes ne laissent plus le temps de reconstruire, ni même de s’adapter. On ne parle plus là d’adaptation au changement climatique, mais de dégâts et de dommages : 30 milliards de dollars pour ces inondations. Cette succession d’évènements climatiques extrêmes « réduit notre capacité à rebondir et la résilience des populations », insiste Imran Saqib. « C’est pourquoi on demande aux pays du Nord de donner aux pays vulnérables un recours ».

« La division est très claire entre le Nord et le Sud » au sujet des pertes et dommages

Les pertes et dommages sont bien le sujet majeur de la COP27 à Sharm El Sheikh en Egypte. Le Pakistan a pris le leadership de ces pays du Sud qui ne participent que très peu au réchauffement climatique, mais qui subissent déjà des impacts majeurs. Ils réclament des moyens pour compenser les dégâts irréversibles de ce changement climatique. Mais les discussions entre pays du Nord et pays du Sud sont compliquées, analyse Fanny Petitbon, responsable plaidoyer de l’ONG Care. Si l’ensemble des pays reconnaissent qu’il y a un manque de financement, « la division est très claire entre le Nord et le Sud », affirme-t-elle. D’un côté, les pays de Sud veulent la création immédiate d’un mécanisme financier. De l’autre, les pays du Nord « veulent des dialogues et des ateliers pendant 2 ans, sans même qu’on soit sûr que cela aboutira à un financement », s’indigne-t-elle. Selon la London School of Economics, le montant de ces dommages pourrait atteindre entre 290 et 580 milliards de dollars par an en 2030. Bien plus que les 100 milliards promis jusque-là par les pays du Nord.

Baptiste Gaborit

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