En France, la situation énergétique est alarmante. Entre un parc nucléaire vieillissant et la crise en Ukraine qui nous prive de près d’un quart de notre consommation d’énergie, il est essentiel que les Français adoptent des gestes anti-gaspillage, si l’on ne veut pas voir notre industrie tourner au ralenti durant l’hiver.
Quand on manque d’électricité, on est obligé d’en priver certains consommateurs
Entre le gouvernement qui autorise la réouverture d’une centrale à charbon et les patrons de Total, Engie et EDF qui défendent l’idée de vastes mesures d’économie d’énergie, on peut se demander si l’heure est vraiment grave sur le front de l’énergie. Dans l’énergie comme dans beaucoup de métiers de cycles longs, il vaut mieux prévenir que guérir. Aujourd’hui, l’urgence est de préparer l’avenir parce que notre situation est très fragile. Si l’hiver prochain est rude et que les Français poussent le chauffage, on le sait, on risque de manquer d’électricité. Or quand on manque d’électricité, on est obligé d’en priver certains consommateurs. Sinon, si ponctuellement la demande est supérieure à l’offre on provoque ce qu’on appelle un black-out, c’est-à-dire une panne de courant généralisée.
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La situation est donc entrain de se tendre sévèrement pour 2 raisons. On a déjà un problème structurel qui risque de nous affecter longtemps. En effet, notre parc nucléaire qui fournit en temps normal les trois quarts de l’électricité française est vieillissant. Ainsi l’hiver prochain, la moitié des réacteurs risquent d’être à l’arrêt pour entretien ou réparation. L’autre raison conjoncturelle qui pourrait aussi nous embêter pour une durée imprévisible, c’est la guerre en Ukraine. Le fait qu’on ne soit pas sûr de pouvoir compter l’hiver prochain sur le gaz russe qui représente 20% de notre consommation énergétique, est évidemment problématique. Sur le front de l’offre on est donc très vulnérables.
Il va falloir qu’on baisse le chauffage et qu’on mette des pulls
Malheureusement, il n’y a ni solution miracle ni solution à court terme. Relancer le nucléaire ou investir massivement dans le renouvelable, est indispensable mais cela prendra des années. Ce n’est donc pas cela qui nous aidera à passer l’hiver prochain. Voilà pourquoi on recourt à des mesures d’urgence. On va ainsi autoriser la réouverture d’une centrale à charbon à l’arrêt. On va sans doute également prolonger la durée de vie d’autres centrales à charbon. On essaye de diversifier nos approvisionnements en gaz pour reconstituer nos stocks. Une fois l’été passé, quand il commencera à refaire froid, il faudra sans doute que l’on relance une politique anti-gaspillage. Comme le dit la pub, “la meilleure énergie est celle qu’on ne consomme pas”. On l’a fait dans les années 70. Si on ne veut pas avoir besoin de bougies parce qu’on a plus de courant, il va à nouveau falloir qu’on baisse le chauffage et qu’on mette des pulls. Sinon, on sera obligé de priver d’électricité des usines, ce qui ne serait pas très bon pour notre économie.
David Barroux