Assemblée nationale : Vers une réduction du temps de travail des députés?

NICOLAS MESSYASZ/SIPA

A l’Assemblée nationale, les séances courent souvent jusque tard dans la nuit, parfois également le week-end. Les députés en ont assez et réfléchissent à une réorganisation de leur temps de travail. Est-ce entendable?

De RN à Renaissance, on planche sur une réduction du temps de travail

Sachez qu’une réunion à ce sujet est prévue le 29 novembre prochain. La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet réunira tous les présidents de groupe parlementaire et elle recueillera les propositions de chacun pour éviter les séances à rallonge jusqu’au bout de la nuit et les examens de textes qui débordent sur le samedi et le dimanche. Côté RN, par exemple, on envisage de sanctuariser deux soirées par semaine où il serait interdit de siéger après 20 heures et de proscrire le travail parlementaire le vendredi pour faciliter le retour en circonscription des députés. Dans la majorité, on envisage de limiter les sessions parisiennes à trois semaines d’affilée pour permettre aux députés de passer une semaine par mois en circonscription. D’autres réfléchissent à un système 2-1-2 : 2 semaines à Paris, 1 semaine à la maison, 2 semaines à Paris. Bref, les députés planchent sur une réduction de leur temps de travail

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Si on voulait verser de l’huile sur le feu de l’antiparlementarisme, on ne s’y prendrait pas autrement. Les défenseurs de la réorganisation du temps parlementaire ont pourtant des arguments. Primo, dans une assemblée sans majorité absolue, le destin de chaque texte est imprévisible : il faut donc que tous les députés ou presque soient présents sur les votes sensibles pour éviter les mauvaises surprises. Auparavant, les groupes organisaient un système de permanence avec procurations pour permettre à chacun de souffler un peu à tour de rôle. Deuxio, l’Assemblée nationale est rajeunie et féminisée : « avant, il n’y avait que des hommes retraités », nous dit l’une des défenseuses de la réorganisation, « aujourd’hui il y a beaucoup de jeunes papas et de jeunes mamans, donc finir à 2h du matin n’est pas pratique ».

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Ces arguments sont rationnels mais sont-ils entendables ? Nos concitoyens risquent d’être circonspects devant ces élus qui demandent à faire un peu moins d’heures : philosophiquement parlant, les députés ne travaillent pas, ils exercent le pouvoir législatif. Personne n’oblige quiconque à se présenter devant le suffrage universel pour représenter le peuple. Donc parfois, quand on rédige la loi, on peut être amené à se coucher tard. Enfin, si les députés veulent éviter les séances nocturnes il y a une solution toute simple : renoncer à l’obstruction parlementaire et s’astreindre à ne déposer un amendement que lorsqu’il peut vraiment permettre de servir l’intérêt général.

David Doukhan

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