Agressions et mutilations à Mayotte : Le département est-il « au bord de la guerre civile » ?

Sony Ibrahim Chamsidine/AP/SIPA

Depuis plusieurs semaines, le département français est à feu et à sang. Les agressions entre bandes rivales se multiplient et se répercutent sur la population, même sur les plus jeunes.

Samedi dernier à Mayotte, un jeune a eu les deux mains coupées

Hier, la député Estelle Youssouffa, de la première circonscription de Mayotte, alertait la première Ministre sur la situation sur l’île, lors des questions au gouvernement de l’Assemblée nationale. Elle dénonçait « l’horreur », « la barbarie » et « la terreur » allant même jusqu’à dire que le département était « au bord de la guerre civile ». La violence s’est installée à Mayotte après la mort d’un jeune dans des affrontements entre bandes rivales la semaine dernière.

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Ces rixes ont continué par la suite et les habitants en sont souvent des victimes collatérales : agressions à la machette contre des bus scolaires, des automobilistes poignardés, des habitants mutilés, comme samedi, lorsqu’un jeune a vu ses deux mains être coupées. Mayotte glisse vers le chaos : « Quand on envoie son gamin à l‘école on a la boule au ventre jusqu’à son retour », s’affole le député Les Républicains Mansour Kamardine. « On a franchi un pallier : il est temps que l’Etat comprenne que ce n’est pas de la plaisanterie ». 

Les tribunaux n’ont plus les moyens d’instruire les dossiers de jeunes délinquants

Face à cette situation, le Ministre de l’Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin a décidé lundi de l’envoi d’une dizaine de policiers du Raid. Mais l’élu LR demande davantage d’actions face à cette violence croissante. Il a proposé une loi sur la sécurité et l’immigration spécifique à l’île, « pour doter des acteurs publics locaux de moyens nouveaux pour faire face à la situation ». Pour Mady Madi Souf, président de l’association des maires de Mayotte, la justice doit aussi être mieux dotée. « Parfois, quand on arrête des délinquants, on est obligé de les relâcher sous 24h parce que le tribunal n’a pas les moyens d’instruire le dossier », témoigne-t-il, atterré. Hier devant les députés, Gérald Darmanin a de nouveau évoqué la mise en place d’un centre éducatif fermé à l’horizon 2024 pour prendre en charge les mineurs délinquants.

Anna Huot

Retrouvez le reportage de Anna Huot à partir de 00:50

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