Jean-Pierre Elkabbach, journaliste et auteur du livre Les Rives de la Mémoire (aux éditions Bouquins), était l’invité de Guillaume Durand sur Radio Classique. Il retrace plus de 50 ans de carrière journalistique, au plus proche du monde politique.
Jean-Pierre Elkabbach a interviewé 6 des 8 présidents de la Vème République
Les mémoires de Jean-Pierre Elkabbach, 85 ans, mêlent les souvenirs de son enfance à Oran à sa carrière journalistique. Celle-ci l’emmène notamment à Bonn, en Allemagne, où il a été correspondant dans les années 60. Son interview d’Albert Speer, ministre nazi de l’Armement et « chouchou » d’Hitler, l’a profondément marqué : « j’ai eu le sentiment d’être, d’un coup, dans l’Histoire ». Mais c’est dans la politique française que le journaliste a été le plus actif, en interviewant 6 présidents de la Cinquième République. Il constate un « scénario qui se joue avec chaque président de la République » : quand ils sont élus, « les courtisans s’approchent et veulent participer à la victoire ». Mais dès que les premières mesures impopulaires et les critiques arrivent, « ils commencent à s’éloigner ». Jean Pierre Elkabbach affirme d’ailleurs qu’il a été plus proche « des hommes et des femmes qui ont perdu le pouvoir que de ceux qui l’avaient ».
A lire aussi
« J’ai aimé le pouvoir mais il ne m’a pas aimé », confie Jean-Pierre Elkabbach
Interrogé sur sa proximité avec des hommes politiques – notamment François Mitterrand, un « deuxième père » pour lui selon Guillaume Durand –, le journaliste affirme ne jamais avoir été complice avec le pouvoir. « J’ai aimé le pouvoir mais il ne m’a pas aimé, puisque j’ai été évité par chaque président de la République. Je n’ai aucune amertume, aucune nostalgie », se livre-t-il. Concernant François Mitterrand, il se souvient d’une interview marquante avec lui en 1994. Particulièrement affaibli par son cancer de la prostate un an avant la fin de son deuxième septennat, l’ancien président promettait au journaliste ne pas avoir choisi de successeur socialiste. « La France, c’est une République, il n’y a pas de dynastie ou de Mitterrandie », lui avait-il alors confié. Il a posé la même question à Emmanuel Macron : selon lui, l’actuel occupant de l’Elysée ne veut pas non plus s’occuper de sa succession.
A lire aussi
Jean-Pierre Elkabbach avait aussi interrogé Vladimir Poutine au lendemain de l’annexion de la Crimée en 2014. Si la volonté du chef du Kremlin de mener une « politique de grande Russie expansionniste » était palpable d’après le journaliste, celui-ci affirme ne pas reconnaître aujourd’hui le Poutine de 2014. « C’est un massacreur, un bourreau, mais il n’est pas fou », analyse-t-il.
Clément Kasser