La proposition de loi de l’Insoumis Aymeric Caron visant l’interdiction de la corrida sera débattue ce jeudi 24 novembre. Le débat s’annonce agité car le sujet est clivant au sein de chaque formation politique.
Chaque groupe politique est divisé sur la corrida, ce qui est inédit
L’Assemblée nationale va débattre la semaine prochaine d’une proposition de loi portée par l’Insoumis Aymeric Caron prévoyant l’interdiction de la corrida en France. Et il n’est pas impossible du tout que cette proposition de loi recueille une majorité. Il y a la guerre en Ukraine, la planète à sauver, des inquiétudes majeures sur le pouvoir d’achat, une crise migratoire et un gouvernement qui a du mal à trouver des majorités pour voter ses textes, … et là, on va trouver du temps pour régler le sort des corridas ? Et bien oui. C’est le propre de ces « niches » parlementaires : permettre à des élus de pousser des causes qui ne correspondent pas forcément aux urgences, aux priorités des Français. C’est décalé mais ô combien symbolique de ces sujets explosifs qui mobilisent des militants et qui enflamment la société. Sur la corrida, il y a une offensive, au nom du bien-être animal et du refus de la souffrance animale. En face, ceux qui veulent défendre un patrimoine et des traditions séculaires résistent.
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Du point de vue du vote, on est dans une situation absolument inédite où toutes les formations politiques sont divisées entre pro-corrida et anti-corrida. A gauche, dans la majorité, et au RN. Dans chaque parti, il y a un nuancier allant de ceux qui n’aiment pas la corrida mais ne voient pas pourquoi il faudrait l’interdire, à ceux qui n’ont pas d’avis spécifique mais qui ne veulent pas rater le train de la cause animale, une des thématiques montante dans la société.
Le clivage sur la corrida est avant tout géographique et générationnel
Comme les partis sont divisés, ils vont tous laisser la liberté de vote à leurs députés. C’est pour ça qu’on ne peut absolument pas prédire le résultat du vote le 24 novembre. Ce sera en tous cas la première fois qu’on aura à ce point une majorité patchwork et une minorité patchwork. Ce qu’il faut aussi retenir sur le sujet est que le clivage n’est ni politique ni social : les aficionados comme les anti-corrida se trouvent dans tous les milieux sociaux. Le clivage est d’abord géographique : le Nord contre le Sud. Il est ensuite générationnel car ce sont les jeunes qui sont les plus militants et les plus remontés.
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Le gouvernement se serait bien passé de ce texte pour éviter une fracture au sein de la majorité et pour ne pas faire à LFI le cadeau d’une potentielle victoire politique. Ensuite, il a finalement précisé hier qu’il était opposé à ce texte. Pour autant, l’exécutif veut échapper à une guerre parlementaire. Le tonitruant Eric Dupont-Moretti se serait fait une joie de ferrailler contre la proposition de loi. Pour ne pas enflammer l’hémicycle, il a été décidé que la parole gouvernementale reviendrait à Dominique Faure, la secrétaire d’Etat à la ruralité originaire du Sud-Ouest Entre les traditions locales ou la cause animale, on va quand même assister à une sorte de choc civilisationnel.
Guillaume Tabard