Le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc a annoncé son départ de LR en raison d’une radicalisation de la ligne du parti. Il ne s’agit pas d’un cas isolé pour les Républicains, dont les leaders refusent catégoriquement toute alliance politique avec Emmanuel Macron.
Plus que 8 des 42 villes de plus de 40.000 habitants sont détenues par les LR
C’est l’histoire d’un grand divorce entre LR et ses maires. Toulouse était la plus grande commune que détenait la droite, depuis la perte de Marseille, en 2020. Maintenant que Jean-Luc Moudenc a claqué la porte, la plus grande ville dirigée par LR est Nîmes, classée au… 21ème rang national. Les maires des plus grandes communes comme Nice, Reims et Toulon ont quitté le parti depuis les municipales. Résultat : aujourd’hui, sur les 42 villes de plus de 40 000 habitants, seulement 8 sont possédées par les Républicains, parmi lesquels plusieurs sont en désaccord avec la ligne politique nationale de leur parti. Le maire de Limoges Émile Roger Lombertie et celle de Mulhouse Michèle Lutz disent clairement être favorable à une alliance de gouvernement avec Macron. Même chose pour l’édile de Caen, Joël Bruno, qui n’exclut pas « de ne pas renouveler » son adhésion aux Républicains. Quant au maire de Metz François Grosdidier, il est lui aussi sur le point de quitter le parti et lâche ses coups auprès du Parisien : « Le départ de Jean-Luc Moudenc traduit un repli du mouvement sur lui-même. Nos parlementaires sont dans une opposition de pure forme ». Ce divorce entre LR et ses édiles est le symptôme de la crise profonde que traverse la droite.
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A l’Assemblée Nationale, les Républicains votent les principaux projets de loi de la majorité
Cela devient difficile à suivre. Sur les plateaux de télévision, les leaders n’ont pas de mots assez durs envers Emmanuel Macron et pourtant, si on met de côté les textes budgétaires, les principaux projets de loi sont votés avec les voix de LR, comme le paquet pouvoir d’achat cet été, la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur (Lopmi) et la loi sur les énergies renouvelables qui, après un coup de théâtre, a été adoptée au Sénat avec une très large majorité des voix LR. A suivre, il y aura le nucléaire, l’immigration et les retraites : trois sujets qui arriveront bientôt et sur lesquels la droite aura du mal à s’opposer. LR risque la scoliose, pourtant les prétendants à la tête du parti ainsi que Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand refusent toute idée d’alliance avec Macron, soutenue par Nicolas Sarkozy. Cela impliquerait, pensent-ils, de renoncer à pouvoir incarner une alternance en 2027. Nous sommes aujourd’hui le 9 novembre, l’anniversaire de la mort du général de Gaulle. Les trois candidats au congrès iront ensemble se recueillir à Colombey-les-deux-Eglises : Eric Ciotti, Bruno Retailleau, Aurélien Pradié. Le gaullisme était, entre autres, un dépassement des clivages partisans, pas un rétrécissement. Que ce soit Ciotti ou Retailleau, celui qui l’emportera aura à rassembler un parti qui se déchire toujours sur la même question depuis plus de cinq ans : comment exister entre Macron d’un côté et Le Pen de l’autre.
J'ai décidé de me retirer de @lesRepublicains. C’est une réflexion ancienne chez moi. Je le fais sans polémique après avoir été un adhérent fidèle aussi longtemps que cela m’a été possible.
Je deviens indépendant. Plus que jamais, mon parti, c’est Toulousehttps://t.co/o5vFBxn7Q3— Jean-Luc Moudenc (@jlmoudenc) November 8, 2022
David Doukhan