Les jeunes LR ont accueilli hier à Angers Eric Ciotti, Bruno Retailleau et Aurélien Pradié qui briguent tous les trois la présidence du parti. Le parti se trouve à la croisée des chemins, alors que d’autres concurrents à droite menacent de prendre durablement la place.
LR est pris en tenaille entre la droite macroniste et la droite lepéniste ou zemmouriste
La droite française est dans une situation paradoxale. Sur le plan idéologique, elle est majoritaire dans le pays, mais sur le plan électoral, le parti qui la représente est en voie de marginalisation. Sur le plan des idées, on a l’impression que la gauche, de Jean-Luc Mélenchon à Sandrine Rousseau, donne le la depuis quelques mois. Mais attention aux loupes médiatiques. Une enquête récente de la Fondapol a confirmé que ce sont les thèmes généralement associés à la droite – l’autorité, le travail, le sentiment national, la sécurité, la limitation de l’immigration, l’effort, le primat de l’individu sur l’Etat – qui dominent dans l’opinion. Mais le parti LR ne cesse de décliner, jusqu’au score inférieur à 5 % de Valérie Pécresse à la présidentielle. C’est d’abord ce paradoxe que le futur président des Républicains devra résoudre.
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Ce décalage s’explique tout simplement parce que si LR est de droite, le parti ne représente pas toute la droite. Il est pris en tenaille entre la droite macroniste et la droite lepéniste ou zemmouriste. Là encore, si le macronisme n’est pas que de droite, ceux qui ont le vent en poupe pour succéder à Emmanuel Macron, à savoir Edouard Philippe, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, se définissent toujours ainsi. De même, le spectre du RN est large mais sa composante de droite reste forte. Si Eric Zemmour a été déçu par son score et s’il a totalement échoué aux législatives, son offre radicale a nettement dépassé celle de Pécresse et a constitué la dernière saignée en date. Enfin, si Emmanuel Macron a déçu et même si Marine Le Pen a pris un tournant à gauche sur les questions économiques, LR n’a rien récupéré. Depuis dix ans, l’ancien premier parti de France est dans la situation d’une peau de chagrin.
Depuis dix ans, aucune thématique nouvelle ou idée originale n’est venue des Républicains
Face à ce constat, les candidats à la présidence de LR offrent des solutions différentes. Aurélien Pradié, député du Lot et secrétaire général sortant du parti, est sur une ligne sociale. Mais les deux favoris, Eric Ciotti et Bruno Retailleau assument une droite claire et forte avec l’un plus sécuritaire et l’autre Retailleau plus conservateur. Mais tous les trois prétendent reconstruire la droite sur la base du ni-ni : ni Macron, ni Le Pen. C’est-à-dire en s’interdisant le moindre accord ou la moindre alliance avec les deux camps qui lui ont pris ses électeurs. Le problème c’est que cette posture est brandie avec constance et de façon incantatoire, sans que cela ralentisse l’érosion de LR. Ses électeurs veulent des alliances, d’un côté ou de l’autre ; ses dirigeants n’en veulent ni avec l’un ni avec l’autre. Comment s’en sortir ? Par ailleurs, les trois candidats ne sont pas les premiers à promettre la refondation de la droite. Or, depuis dix ans, aucune thématique nouvelle ou idée originale n’est venue des Républicains. Sans audace stratégique et sans créativité idéologique, il sera compliqué pour la droite partisane de retrouver un espace.
Guillaume Tabard