« La présidence jupitérienne » de retour ? Emmanuel Macron réunit un conseil de défense énergétique

DOMINIQUE JACOVIDES-Pool/SIPA

Emmanuel Macron réunit ce matin à l’Elysée un conseil de défense énergétique. Les oppositions dénoncent une méthode de gouvernement qui repose sur le secret et qui contournerait le Parlement. Ces reproches sont certes excessifs mais ils viennent mettre en lumière le retour de la posture jupitérienne du président.

Le Parlement est central en démocratie, mais tout ne doit pas passer par lui

Les reproches formulés par l’opposition sont excessifs, mais Emmanuel Macron a sa part de responsabilité dans le fait qu’ils existent. Le fait que le président de la République, face à une crise grave, réunisse les ministres concernés et qu’ils examinent ensemble tous les scénarios possibles peut tout à fait se tenir dans la plus grande confidentialité. Certains dénoncent le secret. Mais au sommet de l’Etat, celui-ci peut être nécessaire dans la phase d’élaboration. Souvenons-nous des conseils de défense sanitaires pendant le Covid. On dénonçait déjà leur secret alors qu’ils faisaient l’objet de fuites innombrables, parfois organisées par les ministres eux-mêmes, et de nombreuses conférences de presse. Sous couvert de secret, c’était la communication permanente. Gageons que le conseil de défense énergétique de ce matin ne va pas rester discret très longtemps. De même pour le Parlement, ce n’est pas fromage ou dessert. Pendant la crise sanitaire, Emmanuel Macron a certes multiplié les conseils de défense sanitaire, mais le Parlement a débattu des dizaines et des dizaines d’heures de lois d’urgences sanitaire. Le Parlement est central en démocratie, mais tout ne doit pas passer par lui.

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Emmanuel Macron se montre dans sa panoplie de chef de guerre parce que ça lui réussit souvent

La part de responsabilité du chef de l’Etat tient au fait qu’il fait tout pour accréditer l’idée que ces réunions ne sont pas normales. Si l’Elysée avait dit que le président organise une réunion sur des mesures énergétiques, personne n’aurait rien trouvé à redire. Mais Emmanuel Macron vend à l’opinion des circonstances exceptionnelles pour des réunions exceptionnelles. Il solennise et il dramatise, comme avec le Covid. C’est le fameux « nous sommes en guerre » qu’il transpose aujourd’hui à la crise énergétique, et demain peut-être à une autre crise. Le chef de l’Etat se montre dans sa panoplie de chef de guerre parce que ça lui réussit, si l’on en juge aux rebonds de popularité qu’il enregistre dans ce type de circonstances. Sa posture est donc normale, mais il en fait un outil de communication. Pour le dire autrement : il fait de la politique. Il ne faut pas qu’il s’étonne que ses oppositions en fassent aussi. C’est le retour de la présidence jupitérienne, si tant est qu’elle avait disparu. D’ailleurs, cela créé un petit télescopage : les conseils de défense représentent la posture verticale par excellence. En parallèle, il a mis en place mardi le Conseil National de la Refondation (CNR), aux contours très flous, mais qui reposent sur l’idée d’écoute, de dialogue, de partage des diagnostics et presque de la décision – soit la posture horizontale. Le « en même-temps » a des airs de grand écart.

Guillaume Tabard

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