La hausse des prix de l’énergie fait partie de notre quotidien depuis plusieurs mois. Si les Français ont été relativement préservés jusqu’ici, la crise s’annonce en fait durable et très coûteuse.
Le bouclier tarifaire sur le gaz et l’électricité ne pourra pas durer indéfiniment
C’est tout un paradoxe. On entend parler des prix de l’énergie qui ont explosé. Mais en réalité, les Français ont été relativement préservés jusqu’ici. L’essence a flambé avant l’été mais le cours de l’or noir recule. Les ristournes accordées par le gouvernement et les pétroliers comme TotalEnergies – que certains adorent détester –ont contribué à ramener le plein de carburant à des niveaux élevés mais pas stratosphériques. Les prix de gros de l’électricité ont été multipliés par dix depuis 2019 mais la facture n’a guère bougé pour la majorité des ménages grâce au bouclier tarifaire. C’est pareil pour le gaz qui a quand même bondi de 300% sur les marchés depuis l’invasion de l’Ukraine mais pas sur nos factures mensuelles.
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Mais cela ne peut pas durer ! Il n’y a pas besoin d’être un Nobel d’économie pour comprendre que quand le prix d’un bien augmente, il finit par coûter plus cher au consommateur. Jusqu’à la fin de l’année, les Français sont protégés par le bouclier tarifaire mais celui-ci ne pourra être étendu indéfiniment. D’abord parce que cela va coûter 20 milliards d’euros aux finances publiques cette année. Ensuite parce que le contribuable de demain ne pourra pas éternellement rembourser le coup de pouce accordé aujourd’hui au consommateur. D’autant plus que la hausse des prix de l’énergie n’est pas que liée à notre bras de fer avec la Russie. L’énergie de demain, qui sera plus verte ou avec du nucléaire plus sûre, sera aussi plus chère. La flambée des prix n’est pas que conjoncturelle : elle est structurelle.
Le plus probable est que les prix de l’énergie dans l’Hexagone vont finir par flamber comme chez nos voisins
Il y a certes des moyens de faire baisser la facture. On pourrait faire égoïstement la paix avec Poutine sur le dos des Ukrainiens pour que la Russie rouvre en grand les vannes des pipelines Gazprom. On pourrait aussi renoncer à la transition énergétique ou demander à l’Etat des économies pour pouvoir annuler les taxes énergétiques… Mais il ne faut pas rêver. Le plus probable est que les prix dans l’Hexagone vont finir par flamber comme chez nos voisins. Des moyens pour aider les plus modestes seront adoptés mais les autres, sensibles au signal prix, vont devoir baisser le thermostat, éteindre la lumière et investir dans la rénovation thermique. La meilleure manière de faire des économies, c’est le pull et un peu de bon sens. Winter is coming selon la célèbre formule de la série Game of Thrones… et il faut s’y préparer.
David Barroux