La crise énergétique est en une de tous vos journaux ce 23 août. Si les causes peuvent être multiples, les conséquences sont comparables d’un bout à l’autre de la planète. L’heure est aux restrictions et au repli de la consommation, aussi bien en Allemagne, qu’en Russie ou en Chine.
En Grande-Bretagne, les mouvements sociaux ont pris de l’ampleur face à la crise énergétique
La presse nous propose ce matin un périple autour de la pénurie énergétique et de ses conséquences. En Allemagne, selon Le Figaro « sous pression russe on craint un hiver de pénuries » car Moscou voit en Berlin le maillon faible de L’Europe. Dans son éditorial, Philippe Gélie constate que « le colosse économique de l’Europe se découvre, en effet, à la merci du Kremlin qui joue avec le robinet du gaz comme un chat avec une pelote de laine », l’idée étant de déstabiliser l’Allemagne pour fragiliser la cohésion européenne. Le correspondant outre-Rhin du quotidien raconte notamment que les Berlinois se ruent chez les marchands de bois et de charbon mais également sur les radiateurs électriques dont les ventes ont augmenté de 25%. « Une ruée vers l’approvisionnement qui n’existe dans aucun autre pays occidental » précise David Philippot.
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La Grande-Bretagne subit également les conséquences de cette crise énergétique. « La hausse de l’énergie perturbe les Britanniques » titre La Croix. Ils ont vu l’inflation au Royaume-Uni passer la barre symbolique des 10% sur un an en juillet. Cela se traduit par des mouvements sociaux qui ont pris de l’ampleur depuis la fin de la semaine dernière sur fond d’instabilité politique, précise Libération, mais aussi une mobilisation citoyenne notamment avec l’initiative « Don’t pay » (Ne payez pas) qui incite les citoyens à arrêter les prélèvements automatiques liés à leurs factures d’énergie si les compagnies de gaz et d’électricité ne baissent pas leurs tarifs. Le mouvement a déjà mobilisé plus de 110 000 personnes grâce aux réseaux sociaux et espère atteindre la barre symbolique du million de récalcitrants d’ici le 1er octobre.
A Shanghai, les éclairages du Bund, principale artère commerçante ont été éteints pendant 2 jours
En grande partie à l’origine de cette crise énergétique, la Russie voit également son économie fragilisée. Dans ses pages saumon, Le Figaro nous indique en effet que Moscou commence également à « payer le prix fort » après 6 mois de guerre en Ukraine et surtout de représailles économiques. Et même si en Russie, précise le journal « les recettes pétrolières et gazières coulent à flots », l’industrie notamment, très dépendante des technologies occidentales, commence sérieusement à souffrir et a recours au système D. Le journal cite l’exemple du constructeur automobile Avtovaz qui a relancé la fabrication d’un vieux modèle de Dacia mais sans airbag ni ABS, faute de composants importés. Un début de crise économique qui pousse également les Moscovites à réfréner leurs achats quotidiens. Les prix ont augmenté de 13,4% en moyenne et l’heure est au repli de la consommation. Dans les bars par exemple, où la modération n’est pas toujours de mise, on met moins d’alcool dans les cocktails. 30 millilitres au lieu de 40, explique un propriétaire de plusieurs établissements.
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En Chine aussi, la crise énergétique a des conséquences sur l’économie. On commence à y restreindre l’électricité, signalent Les Echos. Alors là-bas, ce n’est pas à cause du conflit entre la Russie et l’Ukraine, mais essentiellement en raison de la sécheresse et de la canicule qui provoquent un appauvrissement de la production d’énergie hydroélectrique. Un phénomène particulièrement marqué dans le Sichuan dont 80% de l’électricité provient des barrages hydrauliques. Dans cette province, les autorités locales ont même décidé de rationner l’électricité. Les coupures de courant devaient durer du 14 au 20 août mais elles ont été prolongées jusqu’à jeudi prochain. Les barrages du Sichuan qui fournissent également 10% de l’électricité de la région de Shanghai où les autorités locales ont décidé, pour économiser cette ressource, d’éteindre hier et aujourd’hui les éclairages décoratifs féériques mais dispendieux du Bund, la célèbre artère commerçante et touristique de la mégapole, véritable vitrine internationale de la Chine.
Philippe Gault