Après une année record en 2021, le marché français des voitures d’occasion s’est contracté de 14% depuis le début de l’année. Un recul important provoqué par une baisse de l’offre, après deux ans de désorganisation des chaînes de production à cause de la crise du Covid-19.
Il y a moins de voitures d’occasion car il y a moins de voitures neuves
C’est une crise historique. Jusqu’ici, le marché de l’occasion enchaînait les années de croissance et en cas de mauvaise passe, les ventes ne reculaient que de 1 ou 2%. C’est un effondrement de 14% en sept mois que l’on constate aujourd’hui. La croissance du secteur s’était certes envolée l’an dernier, donc la comparaison est mécaniquement plus impressionnante : c’est ce qu’on appelle un effet de base. Cependant, tout le monde s’attendait à un simple tassement, pas à un effondrement. Le marché français est bel et bien en recul d’environ 10% par rapport à 2019, une année « normale ». Le problème est à chercher du côté de l’offre plutôt que de la demande. Les Français ne rechigneraient effectivement pas à acheter plus de voitures d’occasion à un bon prix, surtout en période d’inflation, mais l’industrie est confrontée à un problème de production.
A lire aussi
En raison de la crise sanitaire et la désorganisation des chaînes de production, moins d’automobiles neuves ont été fabriquées et donc vendues. Fatalement, le marché des voitures d’occasion s’en retrouve asséché. Les particuliers gardent leur voiture plus longtemps que prévu et les loueurs ont moins de voitures à revendre. Quant aux voitures récentes qui affluent sur le marché de seconde main, elles sont plus chères car les constructeurs privilégient les véhicules haut de gamme. C’est tout le système qui est grippé. Les ventes de voitures de moins d’un an sont ainsi en chute de 41%. Même les modèles de moins de 5 ans ont vu leurs ventes s’effondrer de 30%. Quant aux vieux modèles, ils sont d’autant moins attractifs qu’ils seront tôt ou tard interdits dans les villes.
Les petits vendeurs et loueurs professionnels profitent de bonnes marges
Paradoxalement, les vendeurs de voiture d’occasion ne courent pas à la catastrophe. Sur un marché en crise, il vaut mieux être local et économe que très gros et très dépensier. Tirant parti d’une faible offre, les petits vendeurs peuvent maintenir des prix relativement élevés et de bonnes marges. L’occasion reste un marché conséquent, où les ventes entre particuliers représentent entre 65 et 70% des échanges pour un total de 6 millions de véhicules, soit trois fois plus que sur le marché du neuf. Le contexte profite également aux loueurs professionnels, qui ont plus d’atouts pour récupérer des voitures récentes. En revanche, cette crise fait mal aux nouveaux acteurs de la vente via Internet en phase d’hyper croissance, avec des frais marketing très importants comme le détaillant britannique Cazoo qui sponsorise le maillot de l’Olympique de Marseille.
David Barroux