En Allemagne, la menace de récession plane, alors que l’inflation va dépasser la barre des 7,5% et que la Russie a nettement réduit la livraison de gaz. Le gouvernement et les entreprises se mobilisent pour parer à la pénurie énergétique.
La flambée des prix des matières premières inquiète un pays en proie à l’inflation
L’Allemagne ne cache pas son inquiétude face à la menace de récession, alors que l’inflation s’élève à 7,5% et que la croissance a été nulle au deuxième trimestre. Le spectre d’une inflation à deux chiffres se rapproche même selon la banque nationale Bundesbank, avec des estimations à 10% pour l’automne. L’industrie nationale est dans la souffrance à cause de la perturbation des chaînes de sous-traitance liée à la crise sanitaire. Mais c’est surtout la flambée des prix des matières premières qui inquiète dans un pays riche en industriels énergivores dans la chimie, l’automobile ou encore la sidérurgie. Encore un tiers du gaz importé outre-Rhin provient de la Russie, qui pourrait couper brusquement le robinet dans les mois à venir. Dans son effort pour remplacer la ressource, le gouvernement d’Olaf Scholz vient en plus d’exclure toute prolongation de ses centrales nucléaires. En cas d’hiver rude, le pays pourrait donc être contraint d’organiser un rationnement du gaz.
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Dans cette optique, le gouvernement a déjà indiqué qu’il privilégierait les ménages aux entreprises. Marc Staudenmayer, fondateur d’un cabinet de conseil situé à Munich, voit déjà beaucoup de ses sociétés clientes en passe de substituer leur gaz. « Par exemple, le constructeur automobile Volkswagen vient de remettre en route les centrales à charbon pour ne pas subir une rupture de la livraison d’énergie ». Le gouvernement prépare d’ailleurs une liste des industries à approvisionner en priorité en cas de pénurie du gaz. Pour autant, l’impact à moyen terme pour l’économie allemande ne sera pas dramatique, et un risque de récession n’est pas immédiat. « L’Allemagne génère 200 milliards d’euros d’excédent commercial chaque année, ce qui fait qu’elle peut supporter un certain nombre de choses », précise Alain Fabre, directeur associé chez In Extenso Finance & Transmission, cabinet spécialiste de l’Allemagne. « Sur le plan économique, les Allemands savent jouer collectif et se serrer les coudes », poursuit-t-il. Pour sortir de cette problématique énergétique, l’Allemagne a fixé un objectif de 100% d’énergies renouvelables d’ici 2035.
Emilie Valès
Ecoutez le reportage d’Emilie Valès à partir de 02:40