La Commission européenne veut que les 27 Etats membres baissent chacun de 15 % leur consommation de gaz en prévision des dépenses énergétiques hivernales. Pourtant, la France, l’Italie et l’Espagne notamment, se disent opposées à cet objectif uniforme et préfèreraient un plan tenant compte des spécificités de chaque pays.
Les membres de l’UE considèrent que l’objectif de 15% de réduction est trop élevé
Y aura-t-il suffisamment de gaz en Europe cet hiver ? Les ministres de l’énergie des 27 se réunissent ce 26 juillet pour discuter du plan de Bruxelles pour surmonter une pénurie totale de gaz russe. Ce plan prévoit une baisse de 15% de la consommation de gaz sur le continent, et semble loin de faire l’unanimité. En fait, cette proposition a même suscité une levée de boucliers générale. C’est bien simple, aucune de ces préconisations ne trouve grâce aux yeux de nombreux pays. Y compris la France, d’ailleurs. Les membres de l’UE considèrent d’abord que l’objectif de 15% de réduction est trop élevé. Ils estiment ensuite qu’il ne doit pas être uniforme. Les Etats du sud de l’Europe en particulier, qui consomment moins d’énergie que les autres pour des raisons climatiques notamment, affirment qu’ils n’ont pas à faire les mêmes efforts que les pays du nord. Enfin, ils refusent catégoriquement le caractère obligatoire des mesures d’économies en cas de force majeure.
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Alors que la Russie joue avec nos nerfs sur le sujet – le 25 juillet Gazprom a annoncé que le flux de gaz vers l’Europe serait ramené à 20% dès le 27 juin – sortir de cette impasse énergétique parait très difficile. En effet, même si une majorité de 15 pays suffirait à faire adopter le texte en l’état, on voit mal Bruxelles passer en force sur un sujet aussi sensible. Or, s’il devait y avoir une pénurie de gaz russe cet hiver, l’économie européenne subirait un choc récessif de l’ordre de 1,5% du PIB. Il est donc certain que la Commission va devoir revoir sa copie. Pour ce faire, elle pourrait s’inspirer d’une proposition poussée par Paris notamment qui suggère de réduire les économies demandées aux Etats capables de fournir du gaz à leurs voisins. Un système à la carte en quelque sorte reposant sur le respect du principe de solidarité européenne. Cette mesure obligerait à renoncer à l’objectif d’une sobriété minimale de 15% par pays, un totem pour Bruxelles. Dans ces conditions, il est fort probable que la réunion d’aujourd’hui ne sera pas la dernière. Alors, si l’hiver est encore loin, le temps nous est compté.
François Vidal
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