Conseil de défense sanitaire : « On attend des mesures claires, fermes et concrètes » lance Frédéric Valletoux

Frédéric Valletoux était l’invité de Renaud Blanc ce mercredi 24 novembre sur Radio Classique. Conseiller régional d’Ile-de-France, maire de Fontainebleau et surtout président du Conseil de direction de la Fédération hospitalière de France, il est intervenu au sujet de la pandémie de Covid-19 et de la fragilité d’un système de santé confronté à une 5ème vague.

Les chiffres sont préoccupants avec 30 000 contaminations enregistrées en 24h, plus de 8000 patients hospitalisés et un taux d’incidence de 190

Un Conseil de défense sanitaire a lieu ce 24 novembre à l’Elysée. Un conseil très attendu face au rebond de l’épidémie de Covid-19 qui frappe à nouveau le pays. A la suite de celui-ci, Frédéric Valletoux attend surtout deux choses. La première est de pouvoir y voir clair sur l’épidémie avec une redite des prévisions. La seconde consiste à savoir où se fait le consensus médical dans cette épidémie qui repart de nouveau à la hausse. Est-ce que les mesures annoncées s’appliqueront à l’ensemble du pays ou plutôt uniquement dans certaines parties du territoire ? « Il faut mettre en place les mesures qui freineront la propagation du virus » afin de préserver in fine, les lignes hospitalières qui sont « mises à mal » après 2 ans de pandémie répond Frédéric Valletoux. Les chiffres sont en effet préoccupants avec 30 000 contaminations enregistrées en 24h, plus de 8000 patients hospitalisés et un taux d’incidence de 190. Une vague qualifiée de « fulgurante »  il y a quelques jours par Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement.

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Les médecins et épidémiologistes seraient les premiers surpris par la vitesse de propagation de cette vague, selon l’invité de la matinale. S’ils pressentaient tout de même un rebond de l’épidémie à l’approche de l’hiver, comme c’était le cas l’année dernière, « à ce point là on ne peut être que surpris » dit-il avant d’ajouter : « on attend d’autant plus des mesures claires, fermes et concrètes ». Le maire de Fontainebleau affirme également être favorable à suivre l’avis des Autorités médicales et en particulier sur la troisième dose de vaccin. Fervent défenseur du vaccin depuis sa conception, le président du Conseil de direction de la Fédération Hospitalière de France prône l’obligation de la vaccination pour tous et surtout chez les soignants. S’il regrette le fait que l’on ait réduit la capacité des centres de vaccination, Frédéric Valletoux assure qu’un retour rapide à la vaccination est tout à fait possible puisque « les stocks sont là » et « les collectivités locales, les pompiers, la médecine de ville doivent être des soutiens » à une vaccination rapide.

« A partir du moment ou la vaccination n’est pas obligatoire c’est un travail de pédagogie et d’explications que les médecins font et doivent continuer à faire »

La période entre Noël et le jour de l’an est toujours une période compliquée pour l’hôpital affirme-t-il. Avec ce retour du Covid la situation le sera d’autant plus. Afin de s’en prémunir « il faut vacciner très vite c’est-à-dire dans les semaines qui viennent » clame-t-il. Selon lui, le pass sanitaire a montré son caractère efficace et recommande par conséquent, un conditionnement du pass sanitaire à la 3è dose. Presque 6 millions de Français n’ont cependant toujours pas reçu leur première dose de vaccin. Dans ce contexte, Frédéric Valletoux recommande de continuer à « faire de la pédagogie » auprès des non vaccinés. « A partir du moment ou la vaccination n’est pas obligatoire c’est un travail de pédagogie et d’explications que les médecins font et doivent continuer à faire tant qu’il y aura des Français non vaccinés ». Concernant le retour du masque dans l’espace public préconisé par le Conseil scientifique, Frédéric Valletoux affirme que cela serait approprié dans certains territoires et sous certaines conditions. Car s’il y a moins de concentration de population l’hiver il rappelle tout de même qu’il y a « des marchés de noël  et des rassemblements qui continuent à avoir lieu » et qui mériteraient le port du masque obligatoire.  Des mesures qui ont déjà été appliquées par le passé et qui ne demandent à priori pas « un effort surhumain » selon le conseiller régional d’Ile-de-France.

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A l’approche de la présidentielle auront lieu des organisations de meeting politiques qui vont brasser de nombreuses personnes et pourtant le pass sanitaire n’y est toujours pas obligatoire. Frédéric Valletoux recommande de repenser l’organisation de ces réunions et préconise un retour aux gestes barrières. Au sujet de Jean Castex qui serre la main de nombreux ministres alors que l’exécutif incite les Français à faire attention, Frédéric Valletoux répond que : « ce rebond de l’épidémie a surpris tout le monde, il y a un mois personne n’en parlait et aujourd’hui les compteurs s’affolent il faut donc reprendre les habitudes que nous avons eu il y a quelques mois ». Concernant un potentiel confinement, le maire de Fontainebleau répond que le confinement ou la vaccination obligatoire, ne sont pas pas des débats tabous mais des « débats qu’il faut avoir sereinement ». Si confinement il devait y avoir, le chef de l’Etat reprendrait surement les mesures appliquées par le passé c’est-à-dire : des confinements territoriaux ou la mise en place de couvre-feu dans les territoires les plus touchés par le Covid-19. « L’hôpital à un genoux à terre » et c’est un euphémisme que de dire cela mais la situation risque d’être compliquée nous dit Frédéric Valletoux. 85% des formes grave du Covid ont été prises en charge par des établissements de santé, faisant de l’hôpital un bouclier sanitaire durant la pandémie. Si les chiffres de cette 5ème vague peuvent paraître beaucoup plus faibles que ceux de la 1ère ou de la 2ème vague par exemple, il ne faut pas oublier que cela arrive « sur des organisations qui sont essorées » et c’est là que réside toute la difficulté de la chose prévient le conseiller régional d’Ile-de-France. Pour le prochain quinquennat, Frédéric Valletoux souhaite recruter 120 000 personnels soignants pour faire face « aux absences d’aujourd’hui dans les services ». Car si le système de santé prend l’eau actuellement, il pourrait bel et bien couler demain si rien n’est fait.

Ondine Guillaume

Retrouvez l’invité de la matinale