Nupes : La rentrée compliquée des partis de gauche, en manque d’unité

HARSIN ISABELLE/SIPA

Insoumis, écologistes, socialistes… Chaque parti de la Nupes organise ce week-end sa propre université d’été. Une rentrée en ordre dispersé qui augure des tensions au sein de l’union de gauche.

Hormis la question du social, les clivages au sein de la Nupes sont de plus en plus visibles

Les Insoumis sont à Valence, les écologistes à Grenoble, les socialistes à Blois. Chacun chez soi donc, et la gauche sera bien gardée. Les sujets de convergence ne manquent pourtant pas entre les partenaires de la Nupes : par exemple, Emmanuel Macron. C’est avec la même virulence que les différents partis de gauche ont réagi aux propos du chef de l’État sur la « fin de l’abondance ». Tous y voient de l’indécence de la part de celui qu’ils dépeignent depuis 2017 comme « le président des riches ». De quoi donner le ton avant une rentrée sociale qui s’annonce tendue, sur fond d’inflation. La gauche, qui veut organiser une grande marche contre la vie chère fin septembre, en lien avec les syndicats et les jeunes mobilisés pour le climat, prépare déjà la grande bataille du budget qui se jouera cet automne à l’Assemblée. L’occasion pour la Nupes d’afficher son unité en revendiquant par exemple une taxe sur les superprofits.

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Si la gauche tente de parler d’une seule voix sur le social, ce n’est pas le cas sur tous les sujets. En cette rentrée politique, les mouvements de gauche affichent des divergences majeures au sujet de l’écologie. Les Verts ont d’ores et déjà acté leur changement de logiciel et assument de militer en faveur de mesures coercitives, au risque d’être impopulaires : interdiction des jets privés ou encore des piscines. Tous à gauche ne partagent pas cette radicalité, dont bon nombre de socialistes, qui refusent encore l’écologie punitive. Les divergences sont aussi flagrantes sur le nucléaire : les écologistes et les Insoumis sont contre, les socialistes et surtout les communistes sont pour, notamment dans le contexte de pénurie énergétique. Mais la pomme de discorde suprême à gauche reste celle de l’Europe. Contrairement aux socialistes, les Insoumis prônent la désobéissance aux traités et refusent une Europe de la Défense. Une vision géopolitique diamétralement opposée de celle de ses partenaires, comme l’illustre le soutien de Jean-Luc Mélenchon à la Chine sur le dossier de Taïwan qui a fait bondir le PS.

Les écologistes et les socialistes se méfient d’une liste commune avec LFI aux européennes de 2024

Tout cela est de mauvaise augure pour le prochain scrutin des européennes en 2024, d’autant que les Insoumis entendent constituer des listes communes à gauche. Mais les réticences sont nombreuses chez ses partenaires. Les écologistes d’abord, qui ont fait des européennes leur élection de prédilection, n’entendent pas abandonner cet avantage comparatif aux Insoumis. Chez les socialistes, la question de l’hégémonie de LFI va à coup sûr agiter le congrès du parti à l’automne. Les Insoumis eux-mêmes sont traversés par d’intenses questionnements sur leur gouvernance. La députée Clémentine Autain a signé cette semaine un texte exigeant une plus grande ouverture du mouvement et plus de pluralisme. Une pierre dans le jardin de Jean-Luc Mélenchon, qui tient encore son parti d’une main de fer. Si le ciment de l’anti-macronisme permet à l’alliance de circonstance de la Nupes de tenir, les tensions internes pourraient bien provoquer plus rapidement qu’on ne le pense le grand retour de la gauche telle qu’on l’a souvent connue : éclatée façon puzzle.

Jim Jarrasse

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