Chine-Taïwan : Jean-Luc Mélenchon, le fauteur de troubles de la Nupes

ISA HARSIN/SIPA

Les propos de Jean-Luc Mélenchon, le chef de file de la France Insoumise, qualifiant de « provocation » le déplacement de Nancy Pelosi à Taïwan, ont vivement été critiqués. Au sein même de la Nupes, beaucoup dénoncent le positionnement dangereux de l’Insoumis qui pourrait encourager l’annexion de l’Etat insulaire. Après un mois d’une quasi parfaite entente à l’Assemblée, ces divergences à gauche questionnent sur la capacité de la Nupes à rester unie.

« Taïwan est une composante à part entière de la Chine »

Une prise de position a fait beaucoup réagir ce week-end. En effet, le 3 août Jean-Luc Mélenchon a qualifié la visite de Nancy Pelosi à Taïwan de « provocation » à l’égard de la Chine. La sortie a été vivement critiquée, non seulement par la classe politique, mais aussi par des voix de gauche pourtant alliées de La France insoumise au sein de la Nupes. C’est dans une note rédigée sur son blog que l’ancien candidat à la présidentielle a fait grincer des dents. Il estime, qu’il n’y a « qu’une seule Chine », que « Taïwan est une composante à part entière de la Chine » et que « les Chinois règleront le problème entre eux ». Il reproche à la présidente de la chambre des représentants américaine, Nancy Pelosi, de s’être rendue sur place, et y voit là une volonté des Etats-Unis d’« ouvrir un nouveau front ». Alors la position de Jean-Luc Mélenchon sur le sujet n’est certes pas nouvelle, mais elle intervient à un moment particulier. On est seulement quelques mois après le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine qui lutte pour son indépendance, et dans une semaine où la Chine a entrepris de vastes exercices militaires autour de l’île. Son texte a d’ailleurs été salué par l’ambassade de Chine, qui l’a remercié sur les réseaux sociaux pour son « soutien constant ».

La Nupes a montré qu’elle était capable de travailler de manière unie

A gauche certains se sont donc exprimés sur le sujet. Julien Bayou, le secrétaire national d’Europe Écologie les Verts, est le premier à s’être offusqué de ces propos, Sur Twitter et dans les médias, il a fait valoir « l’autodétermination des peuples » et s’est ému d’un Mélenchon qui serait « démocrate à géométrie variable ». Il a été suivi par le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, qui a estimé à son tour que Mélenchon laissait « ouverte la porte de l’annexion » de Taïwan. Finalement, seul le communiste Fabien Roussel a porté un discours inverse, dans Libération, en disant ne pas être choqué de cette sortie et en reconnaissant également une provocation de la part des Etats-Unis. Si la Nupes a réussi à se mettre d’accord sur de nombreux sujets, cette nouvelle division peut poser un problème politique à gauche. En effet, pour sceller cette alliance, Insoumis, écologistes, socialistes et communistes ont réussi à mettre leurs divergences de côté.

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Ils s’écharpaient pourtant sur les questions d’Europe, et même sur la Russie, puisque les écologistes étaient partisans d’envoyer des armes aux Ukrainiens, quand les Insoumis défendaient plutôt le « non-alignement ». Pourtant, ils avaient réussi à mettre leurs différends de côté, en se disant notamment que les sujets internationaux auraient très peu leur place à l’Assemblée. Ils pensaient donc ne pas avoir à exprimer souvent leurs divisions. D’ailleurs, avec ce premier mois au Parlement on était proche du sans-faute. La Nupes a montré qu’elle était capable de travailler de manière unie, même avec des points de vue légèrement différents. Le problème est que pour les Insoumis, la Nupes n’est que la première étape d’un large projet. Le groupe de Mélenchon veut imposer son hégémonie à gauche, et présenter, peut-être, une candidature unique à la prochaine élection présidentielle. Or quand on voit que des sujets aussi importants sont source d’aussi grandes divisions, on se demande si une entente plus large est véritablement possible. Une entente difficile non seulement entre les personnalités politiques, mais aussi entre les électorats. Lorsque Jean-Luc Mélenchon retombe dans des prises de position aussi clivantes, il est évident qu’il n’élargit pas son socle de soutiens.

Dinah Cohen 

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