Loi pouvoir d’achat : Les leçons à retenir d’une session parlementaire surprenante

Jacques WITT/SIPA

Les parlementaires vont partir en vacances le 7 août, après un mois d’intenses débats dans une Assemblée nationale inédite. Ironiquement, presque chaque parti semble se satisfaire de sa performance démocratique dans l’hémicycle. L’exécutif a pu en tout cas constater qu’elle n’était pas contrainte à l’immobilisme.

Pendant ces quelques semaines, on a assisté à des choses pour le moins surprenantes

Le Parlement a adopté le 4 août le projet de loi de finances rectificatives, ainsi que celui consacré au pouvoir d’achat. C’est le point final d’une session parlementaire extrêmement intense, et dont il convient désormais de faire le bilan. En effet, le temps est venu de tirer les conséquences de cette expérience démocratique inédite. Après les derniers votes survenus hier, c’est la fin d’un mois de travail acharné pour cette Assemblée nationale complètement redessinée. A l’aube de ces vacances parlementaires, on comprend bien que rien ne sera plus comme avant. Il faut le dire, pendant ces quelques semaines, on a quand même assisté à des choses pour le moins surprenantes.

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On a par exemple vu la majorité être mise en minorité à sa plus grande surprise. On a aussi vu les députés du Rassemblement National et ceux de La France Insoumise hurler de joie à l’adoption de certains de leurs amendements. On est parfois resté réveillé très tard pour suivre des rebondissements à plus de 2 heures du matin, et on a vu des députés de tous bords en sérieux manque de sommeil laisser échapper des fous rires dans l’Hémicycle. En somme, on a vu des choses qu’on n’avait pas forcément vues auparavant, et auxquelles il va peut-être falloir s’habituer.

 

La quasi-totalité des partis tombent dans l’autosatisfaction

Alors, on ne va pas se mentir, au début, personne n’y croyait vraiment. Un peu sonnés des résultats des élections législatives, les députés du parti présidentiel pensaient les premiers que le pays allait sombrer dans l’immobilisme et le blocage permanent. Mais contre toute attente, pas moins de 3 textes ont été adoptés, si l’on ajoute également le projet de loi consacré à l’urgence sanitaire. Ce résultat était presque inespéré il y a encore quelques semaines. On peut alors se demander ce que les groupes politiques retiennent de ces premiers travaux menés au Parlement.

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La réponse est plutôt ironique car lorsqu’ils tirent les conclusions de cette période, la quasi-totalité des partis tombent dans l’autosatisfaction. Du côté de la majorité, malgré un certain nombre de couacs, on se dit soulagé et on trouve même qu’on s’en sort très bien. A droite, même s’il faut encore se forger une identité claire qui manque pour le moment, on se félicite d’avoir été les faiseurs de rois et d’être revenu au centre du jeu. A gauche, c’est plutôt le sentiment heureux d’une Nupes unie, peu importe si quelques socialistes et communistes se sont plusieurs fois désolidarisés de l’ensemble. Enfin au Rassemblement National, on ne cesse de rappeler à quel point les députés de Marine Le Pen ont eu un comportement exemplaire et constructif, le tout dans une entreprise réfléchie de notabilisation.

 

Une chose est sûre, le pays n’est pas à l’arrêt

Pour la suite cela annonce une période totalement nouvelle, avec un Parlement fort et des oppositions puissantes. En effet nous avons vu que cette majorité est indéniablement fragile et n’a pas le droit à l’erreur. Ce qui veut dire que les 5 années à venir s’annoncent ponctuées de négociations permanentes pour tenter de trouver des accords. Ce qui veut dire aussi qu’il faudra passer par moins de textes, pour permettre plus d’efficacité. Enfin, une dernière chose est sûre, c’est que le pays n’est pas à l’arrêt. Cette configuration marche difficilement, avec une méthode radicalement différente et un rythme très intense, mais elle marche. C’est donc une bonne nouvelle pour les députés épuisés qui débutent à peine leurs vacances car cela veut dire que la dissolution, pour le moment, n’est plus l’une des options posées sur la table du président.

Dinah Cohen

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