Immigration : Pourquoi Gérald Darmanin a décidé de repousser le projet de loi

Jacques Witt/SIPA

Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, a indiqué ce matin dans le journal Le Figaro que le projet de loi sur l’immigration sera reporté de quelques semaines. Si l’exécutif veut tourner la page de la séquence sur le pouvoir d’achat, il ne veut pas se précipiter sur le sujet crucial de l’immigration.

Emmanuel Macron a promis plus de concertation et de pédagogie pour son second quinquennat

Dans les colonnes du Figaro du 4 juin Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, a annoncé que le projet de loi sur l’immigration sera reporté de quelques semaines et qu’un grand débat sur le sujet va être organisé à la rentrée. De cette nouvelle, il faut d’abord noter la forme. En effet, c’est le retour du grand débat. Cet outil cher à Emmanuel Macron, qu’il a inventé lors de son premier mandat. En janvier 2019, quand le président faisait face aux gilets jaunes, il cherchait tant bien que mal un moyen d’apaiser la crise et renouer le lien avec la population. Il avait alors sillonné le pays, manches de chemise retroussées, à la rencontre des Français les plus en colère contre le système. Il y avait aussi eu des cahiers de doléances, déposés dans les mairies et censés permettre de recueillir les revendications des uns et des autres. C’est donc le retour de cet exercice qui avait été considéré à l’époque comme novateur et audacieux, même si le traitement fait de toutes les réclamations empilées n’avait pas vraiment été salué par tout le monde. Mais cette fois-ci c’est l’illustration de la nouvelle méthode promise par le chef de l’État pour ce quinquennat qui promet plus de concertation, plus de pédagogie et moins de verticalité.

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Gérald Darmanin multiplie les clins d’œil à peine discrets aux Républicains

Il y a donc évidemment un fort intérêt politique à cette démarche. On vient de le dire, ça permet d’abord de montrer que les promesses de nouvelle méthode ne sont pas des paroles prononcées à la légère et qu’il y a une véritable déclinaison concrète. Cela permet aussi de sortir de la séquence du pouvoir d’achat, qui a animé une bonne partie de la campagne présidentielle, de celle des législatives et de la première session parlementaire qui s’achève. En effet, il est important de préciser qu’il est quasiment impossible pour un gouvernement de ressortir gagnant d’un sujet comme celui-ci tant il touche au ressenti des Français. Il est donc de bon ton de tenter d’ouvrir un nouveau chapitre médiatique, consacré à un thème comme l’immigration, beaucoup plus marqué politiquement et électoralement.

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C’est également un moyen de cajoler la droite, dont le gouvernement va avoir besoin pour faire passer ce genre de texte à l’Assemblée. D’ailleurs dans son interview, Gérald Darmanin multiplie les clins d’œil à peine discrets aux Républicains. Il veut par exemple être « très ferme sur le contrôle de l’immigration », il cite aussi « l’excellent rapport du sénateur LR François-Noël Buffet » dont il veut « appliquer les préconisations ». Il dit souhaiter un « projet de loi court au service d’un débat parlementaire efficace », et affirme que « 2 mois de concertation ne sont pas de trop ». Autant de signaux envoyés à l’attention d’une droite qui n’a de cesse de répéter que l’immigration est un problème en France.

Dinah Cohen

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