Le groupe Horizons d’Edouard Philippe, pourtant membre de la majorité présidentielle, a pour la première fois voté à l’Assemblée un amendement contre le gouvernement. Cet évènement qui va coûter 120 millions d’euros à l’Etat est le signe de premières tensions au sein de la majorité et semble en fait trouver sa source dans un duel entre Edouard Philippe et Bruno Le Maire en perspective de 2027.
Le groupe Horizons d’Edouard Philippe a voté contre la majorité
Samedi 23 juillet, on a assisté aux premières failles dans la majorité. En effet, il s’est passé un épisode lourd de signification à l’Assemblée nationale. A 23 heures alors qu’il restait encore 200 députés dans l’hémicycle, le projet de loi de finance rectificative était examiné. Pourtant, un amendement, comme il y en a des dizaines d’autres, est arrivé et a provoqué un petit séisme. Cet amendement défend l’idée que l’Etat doit compenser à l’euro près le coût pour les départements de la revalorisation du RSA de 4%. Le gouvernement s’y oppose car cela lui couterait pas loin de 120 millions d’euros. Mais surprise, l’amendement est adopté car les Républicains l’ont voté, et, plus surprenant encore, le groupe Horizons, c’est-à-dire celui des soutiens d’Edouard Philippe.
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Or, ce groupe appartient à la majorité. Dans les rangs de Renaissance, la stupeur a laissé place à la consternation, car la majorité vote toujours comme un seul homme. En coulisses, le ton est également monté car les Marcheurs dénoncent un coup dans le dos. Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, qui est sur les bancs du gouvernement, était pour ainsi dire furieux. En réalité, les Philippistes ont voulu faire un coup pour exprimer leur ras-le-bol. En effet, ils s’estiment négligés par Renaissance et le gouvernement qui font des deals avec les LR, sans les consulter : « On est sans cesse mis devant le fait accompli, disait hier un élu de cette chapelle. On veut être respecté ! ».
Une compétition interne entre Edouard Philippe et Bruno Le Maire
C’est donc la première difficulté visible au sein de la majorité, et c’est un signe de sa fragilité. Rappelons qu’elle se compose de 3 groupes : Renaissance, Horizons et le MoDem de François Bayrou. Aucune composante ne doit donc manquer à l’appel si le gouvernement veut passer des textes. Pourtant, le 24 juillet, un député LREM avançait une autre explication : « C’est une mauvaise manière d’Edouard Philippe en direction de Bruno Le Maire, c’est évident ». Alors que le quinquennat ne fait que commencer, la compétition interne commence pour 2027, et ça semble très précoce. En effet, chacun joue sa partition. Edouard Philippe a un pied dedans, un pied dehors tandis que Bruno Le Maire veut jouer les héritiers, les élèves modèles du macronisme. A côté, Gérald Darmanin essaie de faire prospérer sur son statut de premier flic de France et son positionnement de droite populaire. Si Emmanuel Macron doit gérer en plus d’une majorité relative, une majorité divisée, ses chances de réformes vont devenir acrobatiques.
Marcelo Wesfreid