Les comptes publics ont mieux résisté que prévu à la crise sanitaire. Selon l’INSEE, le déficit à 6,5% s’est moins creusé en 2021 et la dette est restée inférieure à 113% du PIB.
L’Etat dispose d’un peu plus de marge de manœuvre pour affronter les effets de la crise énergétique
Alors que la guerre en Ukraine pèse sur l’activité, le déficit en baisse par rapport à 2021 et la stabilisation de la dette annoncés par l’INSEE semblent de bonnes nouvelles pour les comptes publics français. En effet, l’Etat dispose d’un peu plus de marge de manœuvre pour affronter les effets de la crise énergétique. C’est d’ailleurs pour cette raison que le gouvernement a pu financer rapidement les 6 milliards du plan de résilience annoncé le 25 mars. Il a pu puiser dans ces réserves, au lieu de passer par la voie forcément plus coûteuse politiquement d’une loi de finances rectificative. Il faut malgré tout garder deux choses en tête. D’abord, un déficit budgétaire équivalant à 6,5% du PIB reste une situation désastreuse. Il faut ensuite être conscient que le plus dur reste à venir pour les finances publiques.
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Le redressement des comptes publics n’est pas réaliste
Boucler le budget 2023 sera-t-il de ce fait plus compliqué ? Comme le dit l’économiste Eric Heyer dans Les Echos le 30 mars « ce sera sans doute un budget de guerre ». En effet, il faudra assumer la hausse des dépenses de sécurité et de réindustrialisation du pays qu’impose la nouvelle donne géopolitique, tout en supportant les effets de la crise actuelle. C’est-à-dire un renchérissement sans doute durable de la facture énergétique et un tassement de la croissance. Dans ces conditions, le redressement des comptes publics apparaît comme un vœu pieux. D’autant plus qu’il faudra accélérer le rythme des investissements liés à la transition écologique. Dans la mesure où nos voisins seront logés à la même enseigne, Bruxelles n’y trouvera sans doute rien à redire dans l’immédiat. Pourtant, avec une dette pesant plus de 110% du PIB, il faut s’assurer que tous ces efforts permettront à l’économie française de sortir renforcée de cette période. En clair, ces efforts ne doivent pas servir à compenser des pertes de pouvoir d’achat. Faute de quoi, la France risque de perdre le peu de crédit qu’il lui reste auprès de ses créanciers.
François Vidal