Le feuilleton de l’automne chez les Républicains a déjà commencé. L’élection du nouveau patron du parti est prévue début décembre et les ambitions se multiplient déjà. S’il veut renaître de ses cendres, le parti doit impérativement procéder à une clarification idéologique, entre les partisans d’Eric Ciotti et les tenants d’une droite modérée.
Pour rejoindre la tête du parti, des lignes politiques très différentes s’affrontent
En juillet, le renoncement de Laurent Wauquiez a ouvert la voie à une multiplication des candidatures pour la tête du parti. Premier déclaré : le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti, qui dispose du soutien officieux de Laurent Wauquiez et entend surfer sur son bon résultat à la primaire de 2021 – 40% au deuxième tour face à Valérie Pécresse. Il fait pour l’instant figure de favori aux yeux des militants, mais son positionnement très clivant risque de provoquer une multiplication de candidatures barrages. Le casting se précise d’ailleurs en cette rentrée politique. Hier matin, dans les colonnes du Figaro, l’ancienne juppéiste Virginie Calmels a officiellement annoncé sa candidature. Ex-numéro 2 du parti, elle avait été limogée en 2018 par le patron de l’époque, Laurent Wauquiez, à la suite de désaccords idéologiques profonds. C’est une droite équilibrée, entre libéralisme et conservatisme, qu’elle souhaite incarner. Autre candidat en passe de se déclarer : le jeune député du Lot Aurélien Pradié, tenant d’une droite sociale. C’est donc le spectre d’une nouvelle guerre des chefs qui se profile.
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Un affrontement entre des personnalités, mais surtout des lignes politiques très différentes. Le congrès de décembre aura l’intérêt de clarifier enfin la ligne politique d’un parti usé par 10 ans de tergiversations idéologiques. Les militants se souviennent avec amertume des grands écarts de Valérie Pécresse, qui souhaitait à la fois limiter la fuite des électeurs de François Fillon vers Emmanuel Macron et endiguer l’essor des extrêmes incarnés par Marine Le Pen et Eric Zemmour. Un « en même temps » intenable pour le parti, pris en étau entre les blocs progressistes et souverainistes. Alors que la gauche s’est ancrée dans la logique d’union derrière la force radicale de Jean-Luc Mélenchon, c’est désormais aux militants de droite de trancher. Un choix qui déterminera la stratégie des Républicains à l’Assemblée : un parti dirigé par Eric Ciotti sera fatalement moins conciliant vis-à-vis des textes déposés par l’exécutif.
Laurent Wauquiez pense déjà très fort à l’élection présidentielle de 2027
A cette question du cap et de la stratégie succédera tôt ou tard celle du leadership pour l’élection de 2027. Aucun des candidats déclarés ou potentiels n’entend encore jouer la carte de la présidentielle. Il s’agit d’abord de reconstruire la machine militante et régénérer la boîte à idées. Ce qui n’empêche pas les ténors de la droite de penser très fort à 2027. Soutenu par Eric Ciotti, Laurent Wauquiez veut construire une nouvelle offre politique qui permette de dépasser Les Républicains pour être au rendez-vous. Xavier Bertrand veut aussi retenter sa chance et s’apprête à lancer un nouveau mouvement baptisé « Nous France ». Ce sera le 1er octobre, dans son fief de Saint-Quentin dans l’Aisne. Sans parler du maire de Cannes David Lisnard, bien déterminé à peser ces prochaines années. Face à la multiplication de ces ambitions, la clarification idéologique s’avère cruciale. Avec une ligne précise, la droite peut encore espérer un candidat naturel et s’épargner une énième primaire dévastatrice.
Jim Jarrasse