Laurent Wauquiez a décidé de ne pas briguer la présidence des Républicains. Le président du Conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes ne veut pas s’enfermer dans un rôle qui l’obligerait à faire de la politique de court terme tandis que son principal objectif reste l’élection présidentielle de 2027 et la refonte de la droite.
Le renoncement de Laurent Wauquiez pourrait insinuer que le parti Les Républicains ne sert plus à rien
Laurent Wauquiez ne sera pas candidat à la présidence des Républicains. Cette décision est une surprise alors qu’il faisait figure de favori pour reprendre le parti. En effet, après l’échec de Xavier Bertrand à la primaire et celui, spectaculaire, de Valérie Pécresse à la présidentielle, il était le dernier des vrais poids lourds de la droite. Sa décision pourrait conduire à s’interroger sur sa détermination. En effet, il ne s’était pas lancé dans la bataille de la primaire et finalement il ne se lance pas dans celle du parti. En politique, on peut se dire qu’il y a bien un moment où il faut aller combat, sauf si on veut laisser passer tous les trains. Son forfait peut aussi délégitimer par avance le futur successeur de Christian Jacob puisque ce renoncement de Laurent Wauquiez pourrait insinuer que le parti Les Républicains ne sert plus à rien ou que ce n’est pas un objectif qui en vaut la peine.
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Pourtant, nul n’imagine que Laurent Wauquiez ne pense pas à la présidentielle de 2027. En effet, s’il ne brigue pas la présidence du LR cela pourrait être un moyen de reculer pour mieux sauter. Si Wauquiez ne brigue pas le parti, il est en vérité plus déterminé que jamais à tenter sa chance en 2027 pour tourner la page Macron et empêcher que s’ouvre ensuite le chapitre Marine Le Pen. Pourtant, il fait le calcul que le parti n’est plus un tremplin mais un obstacle pour la présidentielle. On ne se baigne pas 2 fois dans le même fleuve, surtout quand celui-ci manque cruellement d’eau. Or entre LR qu’il a présidé et celui d’aujourd’hui, le débit s’est encore amenuisé. Wauquiez pense alors qu’il s’enferme dans les contours actuels du parti. S’il sera sans doute le candidat de LR, il se dit qu’il n’aura aucune chance de ramener la droite à l’Elysée. Donc plutôt que jouer les syndics de faillite, il prétend travailler rien de moins qu’à la refondation de la droite. Ensuite, présider le parti cela veut dire être contraint par sa fonction de réagir à chaque polémique du jour. Il lui faut se positionner par rapport à chaque décision du gouvernement ou chaque déclaration d’opposant. En un mot, le président LR sera prisonnier du court terme alors que s’atteler à la refondation de la droite oblige de se projeter dans le long terme.
Laurent Wauquiez veut se montrer libre de tout oser sur le fond comme sur la stratégie
On se demande alors avec qui Wauquiez pense-t-il refonder la droite et s’il envisage des alliances avec des partis comme le Rassemblement National. Dans son message Facebook, Laurent Wauquiez dit vouloir travailler avec « des personnes aux parcours différents d’où qu’elles viennent ». Il n’en dit pas plus aujourd’hui, mais ce « d’où qu’elles viennent » semble dire effectivement que le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes est prêt à sortir de la logique des digues, des barrières et des tabous que la droite se fixait à elle-même. Justement, un président de parti serait prisonnier des logiques d’appareil tandis que lui pourra s’en affranchir. En tout cas, son intention est clairement de se montrer libre de tout oser sur le fond comme sur la stratégie. De fait, s’affranchir des pesanteurs d’un parti et prétendre refonder la droite n’a de sens que s’il fait preuve de nouveauté, d’originalité et, pour tout dire, de transgression.
Guillaume Tabard