Darmanin qui lutte contre les feux de forêt, Darmanin qui sévit face aux rodéos urbains, Darmanin qui alerte sur les intempéries, Darmanin qui exige l’expulsion d’un imam controversé. C’est peu dire que le ministre de l’Intérieur a été de loin le membre du gouvernement le plus visible cet été.
Mayotte est minée par l’immigration clandestine venue des Comores
Gérald Darmanin termine donc ses vacances – si l’on peut parler ainsi – avec un déplacement de trois jours à Mayotte. C’est l’occasion d’étrenner ses habits de ministre en charge des Outre-mer, puisque la place Beauvau a récupéré ce dossier à la faveur du remaniement. Mais c’est bien avec sa casquette de ministre de l’Intérieur que Gérald Darmanin est arrivé sur l’archipel, miné par l’immigration clandestine venue des Comores. Quelques chiffres permettent de prendre la mesure du phénomène, qui provoque chômage de masse et violences : à Mayotte, la population a quadruplé en 30 ans et la moitié n’a pas la nationalité française. Face à ce fléau, Gérald Darmanin a annoncé vouloir remettre en cause le droit du sol dans l’archipel. Pour être reconnu comme Français, un enfant devra disposer d’un parent présent depuis plus d’un an sur le territoire de manière régulière.
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Ce tour de vis sur l’immigration ressemble à des gages donnés à la droite. D’ailleurs, l’activisme estival de Gérald Darmanin n’est pas sans rappeler celui d’un de ses anciens mentors, Nicolas Sarkozy, et n’est évidemment pas dénué d’arrière-pensées politiques. Le ministre de l’Intérieur doit faire passer deux textes importants cet automne : un projet de loi sur l’immigration, qui devrait contenir les dispositions sur Mayotte, et une loi de programmation sur la sécurité, qui sera débattue en octobre. Et dans la nouvelle configuration politique à l’Assemblée, où l’exécutif ne dispose plus de majorité absolue, le ministre sait qu’il aura besoin du soutien de ses anciens camarades des Républicains. D’où ces clins d’oeil appuyés à droite. Plus largement, Gérald Darmanin a compris qu’il pouvait se rendre indispensable aux yeux d’Emmanuel Macron en étant l’un des rares au gouvernement à pouvoir parler directement à l’électorat et surtout aux élus de droite, devenus incontournables.
Gérald Darmanin a souffert de la mauvaise gestion de la finale de la Ligue des Champions
Finalement, c’est peut-être au sein de sa propre majorité qu’il est le plus contesté. Cette hyperactivité agace, notamment l’aile gauche de la macronie. L’un de ses représentants, le patron de la commission des lois de l’Assemblée Sacha Houlié a ouvertement défié le ministre de l’Intérieur en annonçant un texte en faveur du droit de vote des étrangers, auquel Darmanin est fermement opposé. Plus globalement, une partie de la majorité a du mal à lui pardonner le fiasco de la gestion de la finale de la Ligue des Champions de football qui a affaibli la macronie à quelques jours des législatives. Elisabeth Borne elle-même a montré des signes de défiance vis-à-vis de son ministre. La première ministre, venue de la gauche, a tenu à réduire son projet de loi sécurité de 15 articles et à reporter l’examen de son texte sur l’immigration, imposant d’abord un grand débat sur le sujet au Parlement. On a connu meilleur soutien…
Jim Jarrasse