Droit de vote des étrangers : Gérald Darmanin « fermement opposé » au député macroniste Sacha Houlié

Stephane DUPRAT/SIPA

Sacha Houlié, député de la majorité, a déposé le 9 août une proposition de loi défendant l’élargissement du droit de vote à tous les étrangers pour les élections municipales. Si ce texte a obtenu le soutien des députés de gauche, Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, a exprimé sa ferme opposition. Cette scission au sein du camp d’Emmanuel Macron est révélatrice de la présence de deux pôles bien distincts dans la majorité.

Le droit de vote des étrangers, un sujet qui divise la majorité

La proposition surprise du macroniste Sacha Houlié, a secoué la majorité. Mardi 9 août, le député a fait savoir sa volonté d’ouvrir le droit de vote aux étrangers pour les élections municipales. Au creux de l’été, on ne peut pas dire que cette mesure ait fait l’unanimité. En effet, cette mesure, Sacha Houlié, l’avait défendue pendant sa campagne législative. Elle avait déjà divisé, et elle divise encore la classe politique. Sur ce sujet on retrouve 2 blocs distincts. D’un côté, les élus de gauche prennent plaisir à rappeler que cette proposition figurait déjà dans le programme de la Nupes. Les Insoumis ont été les premiers à ironiser sur le sujet, en se disant évidemment prêts à voter pour une disposition qu’ils défendent ardemment. De l’autre côté, Les Républicains appellent plutôt à durcir le ton et porter davantage de mesures concernant la régulation de l’immigration, et l’intégration des personnes arrivant sur le sol français. Il y a aussi le Rassemblement National, qui se prépare depuis un mois et demi à être très présent au Parlement sur la séquence régalienne à venir.

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Au milieu, dans la majorité, on retrouve 2 blocs. En effet la majorité porte dans son ADN le « en même temps » d’Emmanuel Macron. C’est-à-dire qu’elle est constituée à la fois de députés issus de la gauche, et de la droite. On voit alors que sur ce genre de sujet particulièrement clivant, ces « sensibilités différentes » et revendiquées s’expriment. Dès la prise de position officielle de Sacha Houlié, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a réagi dans les colonnes du Figaro pour se dire « fermement opposé » à une telle mesure. Aussitôt, un certain nombre de députés plutôt originaires de la droite l’ont rejoint. Tandis qu’en face, certains membres de l’aile gauche se sont dit totalement favorables.

 

Sacha Houlié veut montrer que la voix sociale-démocrate de la majorité peut encore se faire entendre

Il est donc possible que ce débat crée des divisions dans le parti présidentiel. Pour le moment, chacun tente de dédramatiser un peu les choses, en montrant qu’il est plutôt sain d’avoir du débat et que cette majorité, déjà fragile par son nombre, ne se retrouve pas encore plus fragilisée. La présidente du groupe, Aurore Bergé, a aussi annoncé la création d’un groupe de travail à la rentrée, censé allier « humanisme et efficacité ». Pourtant, cet épisode est révélateur de plusieurs dangers qui guettent les Marcheurs. Certes, il s’agit là de l’illustration du « en même temps », mais cette première session parlementaire a montré que le dialogue s’était fait principalement avec la droite, à qui il a fallu donner des gages pour trouver des compromis. Donc ce coup de barre vers un seul côté de l’Hémicycle fait un peu grincer des dents l’aile gauche, déjà affaiblie ces 5 dernières années. Ainsi, cette proposition, est aussi un moyen pour Sacha Houlié, qui vient d’abord du Parti Socialiste, de montrer que la voix sociale-démocrate est encore là, et qu’elle peut se faire entendre. Sauf qu’il semblerait qu’elle soit aujourd’hui inférieure au camp adverse. D’autant plus que le camp de droite de la majorité est représenté par Gérald Darmanin, une personnalité de poids. Le ministre fait tout pour imposer sa ligne, dans un contexte où Emmanuel Macron ne sera pas à nouveau candidat dans 5 ans, et qu’il y a donc un espace libre à occuper.

Dinah Cohen 

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